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Billet de blog 16 octobre 2016

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Supprimer des emplois de fonctionnaires et leur statut ? C’est du bon sens libéral !

La suppression d’emplois de fonctionnaires est devenue l’enjeu primaire de la campagne électorale d’une droite décomplexée par une gauche anesthésiée. Mais que cache en vérité cette volonté ? Pour quels résultats ? Ces candidats annoncent-ils une société de consommateurs basée sur le profit pour quelques uns plutôt qu’un espace qui fait société pour des citoyens ?

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L’on pourrait se croire dans une salle d’enchères ou « l’achat de fonctionnaires » serait devenu le lot à ne pas rater. De cent mille à un million de suppressions d’emplois ! Rien que ça ! L’objectif ? Réduire les dépenses de l’Etat pour créer des emplois ! En fait ce n’est pas un exercice difficile et je ne comprends pas que cela puisse poser un quelconque problème puisque c’est une idée des libéraux du monde entier qui sévit dans de nombreux pays, Etats-Unis en tête.

Pourquoi supprimer des emplois de fonctionnaires ?

Pour ces libéraux du capitalisme spéculatif que représentent ces candidats à la primaire de la droite, la seule consigne qui vaille c’est : « Pour s’enrichir, il faut libérer le marché ».  Pour y arriver il convient de réduire les contrôles de l’état pour libérer les entreprises de toutes contraintes. Moins de contrôle et plus de liberté d’entreprendre. Les freins sont clairement identifiés : Etat, impôts, charges, Code du travail, inspection du travail, médecine du travail, syndicats, etc. et bien sur, les fonctionnaires qui sont au service de cet Etat. Il faut donc faire sauter tous ces verrous et c’est une véritable guerre qui est engagée pour cela.

C’est ainsi que depuis les années 1980 ces libéraux ont réussi à détourner 10% de la richesse nationale au profit du capital. Cela représente aujourd’hui en France plus de 200 milliards ! Pour être encore plus clair, si les règles des années 80 étaient encore appliquées aujourd’hui le monde du travail Français aurait 200 milliards de plus pour alimenter l’emploi, les salaires, les retraites et la sécurité sociale. Il n’y aurait plus de déficit. (« Le Capital du XXIe siècle » - Thomas Piketty)

Le déficit nourrit les prêts, les prêts nourrissent les intérêts, les intérêts nourrissent les banques, les banques nourrissent les actionnaires, etc. L’appétit de ces acteurs est tout à fait insatiable et leur combat se poursuit. Donc, il faut supprimer les fonctionnaires et leur statut qui garantit l’indépendance de l’Etat et qui freinent les profits.

Comment supprimer un million d’emplois de fonctionnaire ?

En fait ce n’est pas très compliqué et nous sommes ici dans de la communication pure et simple. Par exemple il suffirait de dire que le monde de la santé n’est plus une mission de l’état pour faire basculer 1,2 million de fonctionnaires dans le secteur privé.

Le faire d’un coup ne serait pas acceptable. Alors on commence par donner l’entretien des surfaces à des entreprises privées. La gestion des parkings et de leur entretien à une autre (Vinci par exemple). L’entretien des locaux, du linge, de la restauration, etc. Demain ce sera la gestion de la paye, du patrimoine. L’investissement se privatise par des contrats publics privés qui imposent des loyers faramineux aux services publics. Il en est ainsi, pour les transports, l’énergie, les communications, l’eau, les routes, les autoroutes qui peu à peu passe du secteur public avec des emplois de fonctionnaires vers des emplois du secteur privé. L’objectif affiché serait atteint mais pour quel résultat ?

Pour quels résultats ?

Au bout du bout, pour garantir la rentabilité de telles opérations et surtout les dividendes des actionnaires, à service égal ou souvent de moindre qualité, il devient plus cher pour le consommateur et nécessite moins d’emplois. Il n’y a qu’à prendre l’exemple des autoroutes pour illustrer ces évidences. Il n’existe aucun exemple ou le fait d’avoir confié à une entreprise privée la gestion d’un service public ne conduit pas à un surcoût pour le consommateur, sans pour autant baisser ses impôts.

En résumé, le fait de focaliser le débat sur le nombre de fonctionnaire, sur leur statut, leurs « privilèges », détourne du vrai débat sur le choix de société que nous voulons.

Une société de consommateurs basée sur le profit pour quelques uns ou un espace qui fait société pour des citoyens ?

Chacun à son endroit trouvera argument pour conforter ses certitudes sur le ras le bol des impôts, des charges, des fonctionnaires tatillons, etc. Mais chacun, à son endroit râlera pour des routes mal entretenues, des écoles surchargées, une justice immobile, une place de parking payante pour rendre visite à un parent ou un ami hospitalisé ou bien encore une eau trop chère, un ramassage des ordures trop coûteux et un prix du gaz et de l’électricité trop élevé ou un coût de transport ferroviaire exorbitant.

Entre le citoyen solidaire et le consommateur isolé il y a les libéraux du capitalisme financier du monde entier qui sont aux aguets. Il appartient à chaque citoyen d’en prendre conscience pour être libre de choisir entre le profit et la solidarité.

Moi je préfère payer un fonctionnaire que d’engraisser un actionnaire

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