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Billet de blog 9 mai 2021

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1981-1986 : les débats relatifs à l'agriculture et à la ruralité

Il se trouve que c’est par la législature 1981-1986 que j’ai commencé à m’intéresser aux débats de l’Assemblée nationale. J’avais alors étudié les débats relatifs à l’agriculture et à la ruralité. Bien sûr, certains trouveront que l’angle d’approche ( l’agriculture) est un peu trop restrictif ...

Denis Meriau

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il se trouve que c’est par la législature 1981-1986 que j’ai commencé à m’intéresser aux débats de l’Assemblée nationale. J’avais alors étudié les débats relatifs à l’agriculture et à la ruralité. Bien sûr, certains trouveront que l’angle d’approche ( l’agriculture) est un peu trop restrictif – voire même un tantinet hermétique, dans la mesure où ce qui concerne l’agriculture n’est jamais exactement comme le reste, ce qui a pour conséquence de faire de ce domaine une affaire de spécialistes.

Mais, en relisant ce que j’avais écrit à la fin des années 1980, il m’a semblé :
1. que c’était toujours d’actualité ;
2. qu’il y avait moyen d’atténuer ( au niveau de l’exposé) les particularismes agricoles et de rendre le récit accessible à tous.

Le récit en question, c’est l’histoire de députés socialistes très motivés pour mettre en œuvre une nouvelle politique agricole et qui se sont trouvés confrontés aux pressions exercées simultanément par LA « profession agricole » et par le Marché commun (la fameuse « PAC »). Plus le virage opéré en 1983 par Mitterrand et Mauroy ( maintien dans le Système monétaire européen et – en conséquence – politique de rigueur).

Comment ces députés vivent-ils, disent-ils cette tension entre le vouloir – le projet – et le réel ?

Quels enseignements peut-on en tirer en ce qui concerne les conditions d’une véritable alternative ?

Tel est l’objet des « rétro-débats »

RESUME

00_ la « furtive embellie » ? (résumé)

Le récit qui suit raconte l’histoire de députés socialistes très motivés pour mettre en œuvre une « nouvelle politique agricole » et qui se sont trouvés confrontés aux pressions exercées simultanément par LA « profession agricole » et par le Marché commun (la « PAC »). Sans compter le « virage » opéré en 1983 par Mitterrand et Mauroy ( maintien dans le Système monétaire , avec, comme conséquence, la mise en place d’une  politique de rigueur).
Comment vivent-ils, disent-ils cette tension entre le vouloir – le projet – et le réel ?
Quels enseignements peut-on en tirer en ce qui concerne les conditions d'une véritable alternative.
Un député ( F. GENG/ UDF) dit :
"Il y eut une furtive embellie des revenus en 1982, mais elle était essentiellement due aux conditions climatiques et faisait dire tous les matins aux agriculteurs de ma région :
"Merci mon Dieu pour le soleil et les bonnes récoltes, mais faites que le  pouvoir socialiste ne nous reprenne pas tout !
"

 Que cela soit voulu ou non, il est plaisant – et intéressant sur le plan de l’analyse de transposer cette phrase :

s’il y eut bien une "embellie" de la vie politique en 1981 …  celle-ci fut des plus  "furtives" …

Reprenons les choses au début.

01_le rural, une « force tranquille » ?

Dans ce rétro-débat, le lecteur trouvera des éléments relatifs :
- à la situation de l’agriculture française en 1981  (points forts/ problèmes)
- aux programmes agricoles des candidats à l’élection présidentielle :
[Extrait]
« Derrière les solutions techniques retenues par les uns ou les autres, se profile une ligne de fraction fondamentale entre la droite et la gauche :  pour les uns,  la terre est un outil de travail; pour les  autres,  elle représente un capital et,  dans cette perspective, l'objectif de tout agriculteur est de  devenir propriétaire. J.Chirac n'affirme-t-il pas que le problème du foncier  "sera largement résolu par le revenu" .»

- quelques caractéristiques de la nouvelle Assemblée/
- et, cerise sur le gâteau, quelques envolées lyriques – assez traditionnelles quand il est question d’agriculture et/ou de ruralité - ( les « chênes de Compiègne » de DASSAULT/ le « soleil en sachet »)

02_la « Nouvelle Politique Agricole »

"L'agriculture ne doit plus perdre un seul actif  !"
Il faut  favoriser la "participation pleine et entière des  agriculteurs et de l'ensemble des travailleurs agricoles au front de classe".

Ces  citations  sont  extraites  du  "Projet  socialiste pour  l'agriculture".

1. l’impatience des réformes

premier signal : le rapport sur la « montagne »

deuxième signal : le débat sur le budget de l'agriculture
"  « Produire, produire encore, produire plus ! »... voilà le crédo qu'ont entendu des générations de paysans."

où il est question  "des Jacquou  et des comte   de  Nanssac   dans  les   campagnes   françaises " ( "Et  nous,  socialistes,   nous sommes d'abord du côté des agriculteurs  les plus défavorisés." )

2. le choc des réalités

première bagarre : les donations-partages
quid des exploitations agricoles ?

deuxième bagarre :  l'impôt  sur  les grandes fortunes
quid des « biens professionnels » agricoles ? …
où il est dit que l'IGF  commence à  ressembler à une "passoire"  ou à un  "sac  vide" qu’on essaierait de faire tenir debout ( Ce sont les députés communistes qui parlent ainsi.)

troisième bagarre : la réforme des marchés et la nécessaire refonte de la PAC

Ce qu’en disent les socialistes :
" Le renforcement en France des mécanismes d'organisation des marchés n'aura  de  sens  que s'il  rend possible une refonte  de la politique communautaire. "
Ce qu’en dit la droite :
"On a  l'impression  que certains  de  nos  collègues  partent  du principe suivant,  trahissant Descartes :  « Je  pense,  donc  cela marchera. »  Chimère  !  –ajoute-t-il -  Ils  jouent  à l'"apprenti sorcier".

3. passages obligés

quand ces exemples montrent qu’il est long – et plein d’embûches – le chemin entre l’idée, le projet et sa mise en œuvre – on devrait dire :  sa mise à l’épreuve.
Si  certaines de ces embûches relèvent de contraintes externes – telle la PAC, d’autres sont liés à l’histoire et au positionnement très particulier de l’agriculture dans la société et dans l’économie.

où les socialistes disent qu’ils sont bien décidés à ne pas subir le "néo-corporatisme »

où la droite dit que la conception de la gauche, c’est une  conception  de   lutte  des  classes."

03_ »quantum » et politique différenciée des revenus

1. le débat sur l'organisation des marchés ( création des offices d'intervention par produits )
La logique du projet socialiste peut se résumer en deux formules  …
"agir avant le mal"
"corriger le jeu des forces économiques".

… et trois paramètres :
le revenu par les prix
un prix suffisamment rémunérateur
une rémunération qui tienne compte du facteur travail.

où il est dit que l’unité du monde agricole n’est qu’une « fiction » : "Il n'y a pas  une ,mais des  agricultures."
et que si on veut sortir du cercle vicieux générateur de nouvelles inégalités, il faut instaurer une politique des prix et/ou des revenus différenciée.

2. le "dérapage" des prix différenciés

Dans le programme agricole du parti socialiste, un mot symbolisait la politique différenciée des revenus ( le  candidat Mitterand  l'avait, d’ailleurs, repris à son compte/ proposition n° 41) : le « QUANTUM ».
Mais lorsqu'ils reçoivent communication  du  projet  de  loi, les députés socialistes se  rendent compte  qu'il n'est pas  question du quantum.

où il s’ensuit un débat un peu alambiqué – mais instructif –
au cours duquel les députés socialistes se battent pour maintenir, au moins au niveau des principes, la référence à une politique différenciée
ce qui fait dire à la droite qu’il y a là un « dérapage »
"Nous ne sommes  pas  ici  en  train  de  régler  les  difficultés  du  parti socialiste  compte  tenu  de  son programme  antérieur. "

04_les impatients et les mutants

Les choses avaient pourtant bien commencé ...

… mais, dès la fin 1982, le débat sur le budget de l’agriculture met en évidence les difficultés de positionnement des députés socialistes.

Certains intervenants combattifs ont disparu.

Chacun y va de ses priorités

Ayant cédé sur le « quantum », les socialistes voudraient bien ne pas avoir à céder sur les « offices fonciers » :il y a de l’impatience dans l’air.

Où il apparaît qu’il faut distinguer les impatients et les mutants
tant il est étonnant de voir certains députés socialistes parler ( à la Madelin) "libérer l'initiative", de "bousculer" … et le "centralisme" … et l’"inertie des réglementations" … et la "sclérose des droits  « dits » acquis" (sic !) …

05_BARRE … ROCARD … et les autres

1983. Avec la « rigueur », les socialistes entreprennent un « virage » des plus risqué – nécessaire ? - : celui de la rigueur.
Ce virage coïncide avec l’arrivée de M.Rocard à l’Agriculture. La FNSEA a eu la peau d’Edith Cresson. C’es est bien fini de la « nouvelle politique agricole ».

La « rigueur » - dans la double acception du terme - restriction ( économique) et cohérence ( intellectuelle/morale) - Michel Rocard connait. On pourrait même dire qu’il aime.

C’est, dit-il, le seul moyen de répondre aux "difficultés d'un monde en crise"

Aussi ne faut-il pas trop s’étonner qu’à l’aube d’un exercice ministériel qu’il sait difficile, M.Rocard reçoit l’appui – modéré et non dénué de pefidie - de R.Barre
( L’appui porte essentiellement sur la politique agricole européenne – sujet qui, avec les discussions en cours sur les quotas et sur l’élargissement - occupe une place des plus importantes dans l’agenda ministériel) .

Rocard, Barre, même combat ?

1. " Vous avez tué la poule aux œufs d’or. "  ou la leçon du maître

Premier  reproche  :  les  socialistes se  désintéressent de l'agriculture.

Deuxième  reproche   :  la  politique  du  Gouvernement  est inconsistante

et pour preuve : les offices fonciers
Quant aux offices fonciers,  pièce maîtresse de la doctrine en 1981, le virage du Gouvernement dépasse 180 degrés : ils ont tout simplement disparu."

2 ... BARRE … ROCARD …

"Je m'adresse surtout à vous, monsieur le ministre... surtout à vous,  je le répète: vous avez la réputation de comprendre."
intuile de dire que de telles connivences ne sont pas du goût de tout le monde.

3 ... BARRE … ROCARD … et les autres...

"Je voudrais vous faire observer courtoisement – c’est Yves Tavernier, député socialiste qui parle -, qu'au cours des vingt ans qui ont  précédé  notre arrivée  aux responsabilités, .la progression économique a été considérable dans l'agriculture,  avec un  doublement  de  la  production. Nous sommes devenus la deuxième force exportatrice mondiale.  Tout cela est très bien […]
Mais je  constate  que,  pendant cette même  période, les deux tiers des agriculteurs  français ont disparu,  et ceux-là aussi nous intéressent."

06_feux les offices fonciers

1. brève histoire d’un renoncement

2. une affaire de commission cantonale qui devient un « casus belli » … entre le ministre et sa majorité
!

À défaut d’offices fonciers – et en l’absence d’une nouvelle "étape" clairement identifiable, les députés socialistes vont chercher à étendre le champ d'application de ce que l’on appelle le « contrôle des structures ».
Cela donne à nouveau lieu à un débat un peu surréaliste - il y aura même un conflit entre le ministre et sa majorité - au cours duquel droiet, gauche, ministre s’opposent … à propos de commissions cantonales qui existent déjà !
et dans lequel chacun est bien conscient que là  n'est pas l'objet  principal  du  litige  entre le ministre  et  sa  majorité ;

où il apparaît que ce qui est en débat, c’est la possibilité de sauvegarder – au moins au niveau du symbole (comme cela avait été le cas pour le « quantum ») – quelque chose qui ressemble aux offices fonciers.

07_montagne et « auto-développement »

"Réduction des inégalités" … "développement diversifié" … "initiative locale" … "politique  de qualité" … "productions  alternatives" … "respect  des équilibres  naturels  et  humains" … "droit   à  la   différence" … "droit d'expression des montagnards" ...
Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas entendu de tels propos dans l’hémicycle.
Et pourtant … nous sommes en 1984. La rigueur est passée par là.
Plus question de « quantum » .
Plus question de « nouvelle politique agricole »

Comment se fait-il qu’en des temps aussi peu porteurs renaisse l’expression « nouvelle politique » ?
Et pourquoi à propos de la montagne ?

La loi sur la montagne …
… loi test visant à faire de la montagne le laboratoire d’une nouvelle politique? …
… " L’an I de la montagne " ? …
… Simple retour de flamme ?  …
… Loi revanche ? …
… Dernier  coup  d'éclat - l'adieu  aux  armes ! - d'une génération  de  députés militants englués  dans  les  méandres du pouvoir et de la rigueur ?

Le projet de loi sur la montagne tient un peu de tout cela, à mon sens.
Mais c’est aussi – et plus prosaïquement - une opération de diversion voulue par M.Rocard qui entend avoir les mains libres pour mener sa politique ( rigueur, quotas, cohabitation avec la FNSEA ) et qui, pour ce faire, lâche un os à ronger à ces – trop, à son goût – turbulents députés de la montagne ( qui sont des anciens de la fameuse commission agricole nationale).

faire exister –institutionnellement - la montagne

Tel est le  fondement de  l'appel  que  le  rapporteur avait lancé à ses collègues,  dès l'ouverture des  débats: "Montagnards de tous  les partis,  unissez-vous !"  (R.de CAUMONT ),  appel que Louis BESSON qualifie de" front uni pour la montagne".

Jean-Jacques Bénétière – bien que député PS et élu de  la montagne (Loire) – met en question le nouveau dogme de la spécificité de la montagne :

à ce propos, j’ai déjà fait état de l’opposition – parmi les députés socialistes – entre les « mutants » et les « impatients ».
Ici, nous découvrons une autre opposition – au sein des « mutants » cette fois.

Jean-Jacques Bénétière, la transformation à mettre en œuvre est d’abord d’ordre économique : le « développement » passe par une meilleure structuration entre les filières ( N’oublions pas que c’est lui qui a défendu le projet de loi sur les offices d’intervention.)
Pour Rémy de Courmont - et ses collèges socialistes de la montagne – il s’agit de promouvoir une autre forme de développement qu’ils appellent l’« auto-développement »

promouvoir l’« auto-développement »

Suit un débat animé – dictionnaire Littré à l’appui – sur le sens de cette expression
qui peut faire penser aussi bien à « autophagie » qu’à «autocuiseur »

Mais l'un des fils conducteurs – qui nous rattache au thème de la "nouvelle politique" est "le  passage de  l'assistance  à la solidarité "

Pour la première fois donc  – et , me semble-t-il, la dernière fois – le mot « autodéveloppement » va faire son entrée dans le corpus législatif !

Robert de Caumont justifie ainsi  le refus de céder  sur le mot « autodéveloppement » :
"Voilà pourquoi nous tenons  à certains  vocables; non parce qu'ils  ont valeur  de  symbole,  moins encore  parce qu'ils peuvent servir de prétexte à de  faux  clivages mais bien  parce qu'ils sont porteurs  d'avenir  pour  la  montagne,  à laquelle nous sommes tous profondément attachés."

Les  mots  sont  "porteurs"...  à  la  façon  des  murs  qui soutiennent  l'édifice.
Mais  il  y  a  un  risque : si  les  mots s'affaissent, tout l'édifice s'écroule.
Que restera-t-il alors de ce laboratoire qu'est la montagne … et  de cette belle idée que solidarité et autonomie font plus – valent plus – qu’assistance ?

08_les quotas laitiers et le choc de la « modernité »

Modernité, fille de rigueur et d’état de grâce ?

Tout est modernité :
non seulement  l'exploitation des forêts, l'hydraulique, les  biotechnologies, la  recherche, la transformation des abattoirs ;
mais aussi la rénovation  pédagogique, le  développement  de  la  gestion dans les exploitations agricoles, la réforme fiscale, le nouveau statut des agriculteurs, etc.

Seulement, voilà !
Beaucoup de députés – et pas seulement dans l’opposition d’alors – voudraient savoir ( c’est Jacques GODFRAIN/ RPR qui formule explicitement la question) "quel est le bon  discours  socialiste" .
"Est-ce  celui  du  premier  ministre sur l'entreprise,  sur la production, sur l'esprit de conquête,
ou celui du  ministre  de  l'agriculture sur la  restriction des productions ?
 "

le "choc des quotas laitiers"

Il faut dire que le "choc" des quotas est-tel dans leurs circonscriptions que les députés – même les socialistes - ont bien de la peine à se motiver sur cette question de la modernité.

Ce qui est en cause, c’est une certaine vision de la production agricole :
"La  restriction  des  productions  n'est  pas  notre politique.  Oui,  nous préférons l'excédent relatif à la  pénurie !" ( P.GODFRAIN / RPR)

Ce que disent les députés communistes va dans le même sens – à ceci près ( ! ) qu’ils incriminent les "structures capitalistes" " auxquelles  il  faut  avoir le  courage de s'attaquer.":

Du "courage" !  Il en faut  à Pierre GODEFROY (RPR/ Manche )  pour oser exprimer une opinion complètement  à contre courant de son parti.
( Mais - heureusement pour lui ! - il aura le soutien les députés socialistes engagés, derrière Michel Rocard, sur la voie de la modernité … et de la régulation des marchés) :
"Pour être intellectuellement honnête, je dois dire que si nous avions été au pouvoir, le problème aurait été le même. "

09_l’Europe, encore l’Europe , toujours l’Europe …

Marché commun et/ou libre concurrence ? :
un désaccord de fond entre Ps et PCF

Si l'on excepte le PCF, il y a aussi accord pour dire que la solution passe nécessairement par l'Europe :
"Dans  ces conditions,  il n'est pas  de  stratégie possible sans une politique agricole de dimension européenne. "  (A.MAYOUD /UDF)

Le PCF, quant à lui, conteste  cette notion  de  "solvabilité des marchés" :
"Il y a, affirme André Soury, d'un côté, des excédents coûteux à écouler. De l'autre  côté,  c'est l'explosion des besoins. "
A ses yeux, les socialistes "ont adopté  finalement  les thèses  américaines,  qui se traduisent aujourd'hui à Bruxelles".
Ils ne peuvent donc pas rejeter toute  la  responsabilité  des  difficultés  que connaît  l'agriculture sur le contexte international :
"Il  est vrai  que  la libre concurrence est devenue un de ses crédos majeurs."

l'accroissement de la contribution des États au financement de la CEE

Depuis deux ans,  la Communauté ne parvient pas à boucler le budget. Aussi, ces deux dernières années, comme le prévoit le traité de Rome, a-t-elle mis à « contribution » les États membres, qui ont du verser des « avances non remboursables ».
"Cette situation ne pouvait pas durer", explique le rapporteur, Michel Bérégovoy.
Pour  mettre  fin  à  une  telle  situation,  le  Conseil de Fontainebleau a décidé d’augmenter le plafond de  TVA entrant  dans le budget de la CEE.

Seul le PS votera ce projet de loi.

l'élargissement de la CEE
ou « la réalité des faits prévisibles »

"Curieux débat", dira Claude Estier (PS).
"Tout  le  monde  étant  d'accord pour l'adhésion  espagnole et  portugaise, seul le groupe socialiste va  tout à l'heure  émettre  un  vote  favorable  à  la  ratification du traité.
[…]
Le parti  communiste votera contre.  Ce n'est pas une surprise."
Encore fait-il  remarquer  aux  communistes,  que " s'ils  se  sont toujours affirmés hostiles au Marché commun,  ils n'ont jamais demandé que la France s'en retire.
[…]
Plus   étonnant  est   la  position  de  deux   groupes  de l'opposition,  qui  se  flattaient,  depuis longtemps pour  l'UDF et depuis une période plus  récente  pour  le  RPR  d'être  de fervents adeptes de la construction européenne."

Michel Cointat expliquera la position du RPR

"Quand on a faim, on a quand même le  droit de  dire  que la  soupe est mauvaise !
[…]
   On peut donc être d'accord sur un  principe,  mais ne  pas être d'accord sur  la sauce avec laquelle il est servi."

"l'Europe  est  malade […] Avez-vous vu un diabétique manger du sucre uniquement pour faire plaisir à ses amis ? "

Pessimiste sur le présent, le porte-parole du RPR l'est encore plus pour l'avenir.

"L'Europe risque de se noyer dans un  lac de vin  !. […]  La viticulture, l'arboriculture et  l'horticulture françaises  seront donc progressivement  étranglées, sans  avoir   eu  le temps de  se reconvertir. "
Telle est, ajoute-t-il – en utilisant une formule qui ne peut que nous laisser songeurs ! - …
… "la réalité des faits prévisibles". [i]


[i]  "Au nom de  l'Europe", la droite  s'abstiendra.
Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre voteront  le  texte "compte tenu des  responsabilités qu'ils  ont  exercées"  (  la  précision  est de Jacques Blanc).
À noter aussi que, contrairement à ce qu'elle avait annoncé,  la droite, une  fois revenue  au pouvoir, ne demandera pas à renégocier le Traité.

.

la morale de l'histoire
changer la vie et/ou parler vrai_retour sur 1981

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