Denys Pouillard

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Billet de blog 14 juin 2010

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Des anniversaires qu'il vaudrait mieux éviter

Comment Le Figaro et Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, célèbrent l’Histoire…

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Comment Le Figaro et Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, célèbrent l’Histoire…

Aucune raison, certes, de dévaloriser les accords franco-allemands, de remettre en cause l’amitié contemporaine profonde entre l’Allemagne et la France ; aucune raison non plus de sous-estimer les valeurs communes des deux pays lorsque, hier comme encore aujourd’hui, il s’agit de construire une Europe de la paix.
Or le mois de juin 2010 est un mois difficile à assumer et les célébrations de l’Appel du 18 juin ne suffiront pas à effacer de la mémoire collective un mois, dans notre Histoire, de la défaite, de l’humiliation, de l’aventure. Et il y a des dates dont il vaudrait mieux ne pas être fier, des formules, déguisées en titres de presse, qu’il vaudrait mieux éviter ! Pourquoi ? Tout simplement parce que notre pays compte encore des témoins d’une tragédie qui aurait pu très mal se terminer et que les rares « Compagnons de la Libération », les déportés survivants, les victimes du régime de Vichy qui se souviennent encore, tout en étant les loyaux artisans de la réconciliation franco-allemande, nous rappellent que décomplexer l’Histoire revient aussi à en gommer, pour les générations futures, la vérité.
Le Figaro du 14 juin 2010, dans son supplément Economie, a-t-il cru faire de l’humour avec ce titre : « Ici Berlin, les Allemands parlent aux Français »…
La vérité : du 14 juin 1940 : les Allemands entraient dans Paris, ville ouverte, la croix gammée remplaçait, un moment, le drapeau français sous l’Arc de triomphe et les bannières nazies se substituaient aux drapeaux tricolores aux frontons des édifices ; les fifres et tambourins de l’armée allemande défilaient sur les Champs-Elysées. Au soir du 14 juin, les Parisiens devaient mettre leurs montres à l’heure allemande et à 21 heures, rentrer chez eux…
Mais le Figaro dans son autre supplément quotidien (Le Figaro et Vous) croit encore bien faire en livrant ce « confidentiel » : « pour améliorer le dialogue entre Paris et Berlin, Bernard Accoyer organise le 23 juin une conférence débat franco-allemande…le président de l’Assemblée nationale a convié l’ensemble des députés à ce débat, organisé avec l’ambassadeur d’Allemagne...»
La vérité du 23 juin 1940 : Hitler visitait Paris ; le premier grand défilé de l’armée allemande avait lieu sur les Champs-Elysées. Les Français découvraient, aussi, dans leurs journaux du 23 juin, les stipulations de l’armistice signé la veille à 18h 50 à Rethondes. Ce 23 juin, encore, Laval était nommé ministre d’Etat.
Denys Pouillard
Directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire : site www.vlvp.fr

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