Denys Pouillard

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Billet de blog 26 février 2010

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Halte au feu... Monsieur Peillon

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Vous ne rendez pas service à la gauche et vous n'êtes pas porte-parole du parti socialiste. Mais vous aimez les coups d'éclat, les coups de pub et d'ailleurs sans vous en cacher, vous revendiquez la préméditation. Vous avez été député national ; les chasseurs vous ont chassé mais, aussi, deux tribunaux d'instance (Abbeville et Amiens) vous ont radié des listes électorales d'un modeste village de la Somme.

En 2009, expulsé du grand Nord-Ouest de la France, vous acceptiez le parachutage dans le grand Sud-Est. Votre maître à penser, Merleau-Ponty, avait plus de modestie et de considération sur la nature humaine. La politique vous intéresse et le budget de l'Etat, c'est-à-dire l'argent public, vous permet d'en vivre et d'exercer un art qui nécessiterait un tout petit peu d'éthique car la légitimité des urnes, dans une démocratie, ne suffit pas à se déclarer intouchable et ne donne surtout pas un droit à tirer à vue sur tout ce qui bouge.

Jusqu'à preuve du contraire, l'affaire Soumaré ne vous concerne pas personnellement, car elle nous concerne, en vérité, tous ; vous n'êtes pas inscrit sur une liste électorale du Val d'Oise, ni candidat dans ce département, ni dans la région Ile-de-France. Pour faire parler de vous, à défaut de grande initiative à Strasbourg pour y défendre votre nouvelle région d'élection, vous organisez, sans prévenir, quelques opérations médiatiques dont les médias, à l'affût d'émotions fortes, raffolent.

Il n'est pas si sûr que les électeurs, les militants de la gauche, de l'opposition que vous vouliez « arc-en-ciel », vous suivent dans une démarche très personnelle mais qui par ses coups de théâtre peut entraîner aussi des retours de bâtons spectaculaires.


Comme tous les gens de l'opposition et certaines personnes plus scrupuleuses au sein même de la majorité présidentielle, vous avez été, justement, outré par les procédés utilisés par un député et un maire ouvrant une polémique sur un territoire, et seulement sur ce territoire, dans un cadre électoral. Comme vous, ce député de la majorité a, également, utilisé une ancienne coupure de presse pour attaquer une candidate d'un autre département sur une information dont il s'est bien gardé de vérifier les suites de l'affaire ; la personne l'attaque en diffamation et elle a raison puisqu'elle est interpellée d'autant plus qu'elle n'est pas partie prenante dans ce département et que la justice a lavé de tout soupçon, au demeurant, les attaques dont elle avait fait l'objet..


Mais vous, Monsieur Peillon, de quel droit et de quel mandat de votre parti, tenez vous, ce pouvoir, à l'exclusion de celui de ne pas avoir - comme dans d'autres formations - son cerveau mis en uniforme, d'attaquer des hommes politiques, quel qu'ils soient avec leurs défauts, leurs origines politiques que l'on connaît, dans des circonstances électorales où ils ne se sont pas manifestés, et qui par ailleurs, sauf preuve du contraire, ne vous ont pas attaqué personnellement.
Cette attitude est d'autant plus dangereuse que vous exposez le parti socialiste mais demain d'autres formations à construire une ligne Maginot pour se protéger des attaques basses, viles, attentatoires à la dignité que ne manqueraient pas de provoquer des adversaires sans scrupules.


Voudriez-vous vraiment que demain, à votre manière, avec des coupures de presse dans les poches, des copies de « mains courantes », de procès-verbaux, d'assignations ou de conclusions d'avocats, les uns et les autres déballent sur les plateaux de télévision ce qu'ils savent de leurs voisins, de leurs représentants, des moeurs, des revenus, des affiliations de jeunesse, voire des attitudes parentales durant les heures noires de notre Histoire
. Est-ce cela, Monsieur Peillon, la politique que vous voudriez rendre plus moderne, plus vivante !
Tout le monde convenait, ces dernières heures, du dérapage gravissime de deux élus ; vous vous ajoutez à la liste, même si les faits que vous citez, concernant deux personnalités, devaient se révéler authentiques. Vous n'apaisez pas la démocratie, Monsieur Peillon ; vous la soviétisez et vous fragilisez, ainsi, ceux qui demain veulent, pour l'opposition, une valeur plus digne de la gouvernance de l'Etat. Relisez Merleau-Ponty...
Denys Pouillard
Directeur de l'observatoire de la vie politique et parlementaire ; site de l'observatoire : www.vlvp.fr

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