Denys Pouillard

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Billet de blog 28 janvier 2010

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Le président qui a vu le boucher...qui n'a pas vu le croc !

Tout est inversable et l'histoire de « l'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme » s'était mal terminée...pour l'homme. Mais Dominique de Villepin a donc échappé à l'ours et ... au « croc de boucher ». Il fait même mieux que Julien Dray puisque lui, au moins, il est relaxé : une vraie relaxe sans... avertissement.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout est inversable et l'histoire de « l'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme » s'était mal terminée...pour l'homme. Mais Dominique de Villepin a donc échappé à l'ours et ... au « croc de boucher ». Il fait même mieux que Julien Dray puisque lui, au moins, il est relaxé : une vraie relaxe sans... avertissement. L'appel demandé par l'un des protagonistes de l'affaire Clearstream ne changerait vraisemblablement pas la ligne de front et n'aurait aucune répercussion politique. En revanche un « appel » à la demande du parquet ou de la victime, Nicolas Sarkozy, rendrait à ce procès un nouveau sens : celui de l'acharnement et de la haine. Un bon point pour DdV...un très mauvais pour NS.
On peut d'ailleurs imaginer la colère froide du président de la République devant quelques visiteurs de ce jeudi 27 janvier, l'ire déchaînée devant les collaborateurs de l'Elysée, et sans exagérer les propos acerbes de quelques conseillers. Il y a de la poupée et des aiguilles dans l'atmosphère car la relaxe de Dominique de Villepin dans cette histoire de pieds nickelés est considérée, par le chef de l'Etat, d'une part comme un affront personnel, d'autre part comme une brèche dans le dispositif défensif de la majorité parlementaire.
Le jugement du 27 janvier n'ouvre pas un boulevard, pour autant, à l'ancien Premier ministre ; il lui permet seulement de changer de trottoir et de passer de l'ombre à la lumière. Pas suffisamment fédérateur pour se lancer dès maintenant dans la course présidentielle, il n'en reste pas moins un « présidentiable » crédible. Mais l'heure étant aux « primaires », à gauche par nécessité, et à droite, pour faire semblant d'être « démocrate », la stratégie de DdV échappe à ce marché aux esclaves et aux montreurs d'ours.
Passer de l'ombre à la lumière peut, néanmoins, atteindre l'objectif redouté par l'Elysée : faire passer la côte de popularité du président sous la barre des 30 % et ceci durablement jusqu'en janvier 2012, soit deux bonnes années pleines. Le temps sera compté et le moment venu, au président sortant, pour savoir, en janvier 2012, s'il faut braver ou battre en retraite.
Dominique de Villepin peut compter sur les députés fidèles de la « première heure » mais désormais sur les ouvriers de la vingt-cinquième heure, ceux qui ne prenaient pas de risques avant le jugement « Clearstream », mais qui, libérés de leur mauvaise conscience, vont déclarer haut et fort qu'ils n'avaient jamais douté de la sincérité de l'ancien Premier ministre. Combien sont-ils ? Au moins de quoi constituer un groupe parlementaire à l'Assemblée et même si cette structure ne voyait pas le jour, ils seraient solidaires, dans le cadre autorisé - pour les parlementaires - du financement des partis politiques, à contribuer à l'alimentation des caisses d'un parti naissant et en voie d'être officiellement reconnu.
Que manque-t-il à Dominique de Villepin ? Un mandat ? Rien de plus facile ! Il suffit de faire démissionner un de ces soldats de la 25 ème et faire élire (dans un fauteuil...), cet ami des anti sarkozistes.
La gauche arbitre-t-elle ce combat ? En 2006, elle a combattu Dominique de Villepin et sans le vouloir, mais imprudemment, trop facilité l'œuvre de Nicolas Sarkozy, certains de ses acteurs étant même en relation avec le ministre de l'intérieur de l'époque. En 2010, elle ne rencontre pas pour autant un allié ; elle côtoie un diviseur estimable. Mais un retour, en 2012, au bénéfice d'une alternance démocratique, à la tête de la diplomatie française rappellerait étrangement la venue de Michel Jobert auprès de François Mitterrand, en mai 1981.

Denys Pouillard
Site : www.vlvp.fr

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