La déception et défiance envers les politiciens et partis traditionnels est patente, pourtant je rencontre très souvent et partout une grande envie de politique, j'entends par là de vouloir que notre société fonctionne au mieux, et même d'y contribuer.
Dans l'autre sens, la défiance des dirigeants politiques envers les citoyens qu'ils représentent ne cesse de m'exaspérer. Lorsque nous exprimons notre désaccord par des manifestations ou par les urnes, ils déclarent qu'il leur faut faire plus de « pédagogie » entendant par là que nous sommes trop stupides pour y avoir réfléchi, sinon nous serions forcément d'accord. Et de continuer de nous prendre pour des imbéciles en n'expliquant guère plus mais en « communiquant » à base de slogans et petites phrases, finalement creuses.
Lorsque des expériences participatives sont mises en place (conseils de quartier, consultations publiques...), il s'agit rarement de codécision mais beaucoup plus souvent d'entériner une décision déjà prise avec un vernis citoyen (auxquels on a laissé le choix de la couleur de la peinture...).
La co-construction est encore plus rare car elle exige l'humilité de reconnaître que l'on ne sait pas encore, et de mettre les moyens de l'apprentissage : du temps pour commencer, et de l'argent, au moins pour l'organiser efficacement et peut-être pour rétribuer une participation alors conséquente.
Pourtant chaque fois que cela est vraiment fait c'est d'une redoutable efficacité. D'abord les décisions prises sont souvent meilleures, elles sont bien mieux acceptées et contribuent au sentiment d'avoir une réelle utilité. Ensuite le processus participe à la formation permanente des citoyens, alors bien plus à même de devenir des acteurs politiques efficaces.
Que ce soit une crispation pour ne pas perdre une parcelle de pouvoir de la part d'individus dominateurs ou que cela parte d'un « bon » sentiment d'agir « pour notre bien » malgré nous importe peu. Il ne faut pas les laisser faire, dans le premier cas c'est évident, dans le second parce qu'ils ont tort. Jamais dans l'histoire la population dans son ensemble n'a été aussi éduquée qu'aujourd'hui et nous disposons en sus de formidables outils pour accroître l'efficacité de ces pratiques. Nous avons aujourd'hui accès à des savoirs et savoirs-faire à l'échelle planétaire et les moyens de communications sont variés et peu chers. Tu veux savoir si tu peux créer une régie locale de gestion de l'eau et à quelles conditions ? Il « n'y a qu'à » se renseigner sur toutes les expériences déjà réalisées dans ce domaine, prendre le temps d'écouter les experts tenant du pour et ceux tenant du contre, instruire à charge et à décharge. Ça vous rappelle quelque chose ? Un jury d'assise peut-être ? Pourquoi, là où ça touche à quelque chose d'aussi fondamental que la justice, où l'enjeu peut être la privation de libertés d'un individu cela nous semble non seulement faisable mais souhaitable ?
Il est temps de faire confiance aux citoyens. La confiance est aussi un cercle vertueux la plupart du temps. Quand on nous fait confiance en nous délégant un réel pouvoir, on se sent responsable et redevable.
Alors oui, il faut des garde-fous car il peut y avoir des dérives, oui, c'est complexe à mettre en œuvre si on veut le faire bien, oui, cela a des limites et on ne peut le faire pour tout et tout le temps. Et alors ? La démocratie c'est beaucoup plus complexe que la monarchie ou la dictature.
Nouvelle Donne a fait confiance a ses adhérents au point de leur laisser décider des listes, et c'est loin d'être insignifiant. Certes certains des désignés étaient déjà un peu connus dans ce très jeune (même pas 5 mois) parti ou dans la « société civile ». D'autres, dont je fais partie, étaient totalement inconnus. Ils m'ont fait confiance et continuent comme je leur ai fait confiance et continue. J'engage mon nom et mon image sur cette confiance. C'est aussi une question de réciprocité la confiance.
Si l'on veut la confiance des électeurs, peut-être serait-il juste de la leur accorder, non ?