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Billet de blog 8 janvier 2022

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Les non vaccinés, l'ennemi intérieur.

L'atmosphère est devenue irrespirable. Dans l'indifférence générale, on sert en pâture, à des français exaspérés par la crise sanitaire, des boucs émissaires responsables de tous leurs maux : les non vaccinés.

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Illustration 1

Depuis quelques semaines les relais médiatiques de la macronie enchaînent les approximations (pour ne pas dire autre chose) qui mises bout à bout créent une contre-vérité. Voici l'implacable raisonnement :

Argument 1 : Il y a 3800 malades covid en réanimation et nous disposons de 5800 lits de réanimation.

Argument 2 : 80% des gens en réanimation sont non vaccinés.

Conclusion : les non vaccinés sont responsables de la saturation.

Conséquence : "il faut emmerder ces non-citoyens" dixit Macron.


Ce raisonnement n'est que pure propagande. Rectifions-le :

Argument 1 : Il n'y a pas 3800 malades du covid en réanimation. Ils sont en réalité en soins critiques, qui regroupent soins intensifs, soins continus et réanimation, soit 20 000 lits en tout. De plus nous pouvons mobiliser 7800 lits de réanimation et non pas 5800. Comme l'explique l'article suivant de mars 2021 publié par France-Soir, la situation réelle est difficile à évaluer car nous ne connaissons ni le nombre de malades en réanimation, ni leur répartition entre covid et non covid.

Réanimation : des chiffres et des ombres

Mais ce qui apparait clairement, c'est que nous sommes loin de la situation de mars 2020. Les hôpitaux ne sont pas saturés en général. Et si des tensions existent, on ne peut les attribuer aux malades du covid.  Car les saturations et les plans blancs existaient déjà avant 2020, en raison des politiques appliquées depuis 30 ans et poursuivies avec zèle par Macron : 18000 fermetures de lits depuis 2017 dont 5700 en pleine épidémie, conditions déplorables de travail qui entrainent des démissions et le licenciement de milliers de personnels non vaccinés.

Argument 2 : En juin un petit clip affirmait que 80% des malades en réanimation (en fait en soins intensifs) étaient non vaccinés. C'était sans doute vrai à l'époque. Mais cette répartition, en raison de la vaccination de masse, devait forcément évoluer, et ceci quelle que soit l'efficacité du vaccin. En effet, si on vaccine 100% de la population, on aura forcément 100% de vaccinés dans les lits de réanimation. 

D'après les chiffres fournis par la Dress donc par le gouvernement lui-même, mi-novembre déjà la répartition entre vaccinés et non vaccinés en réanimation était d'environ 50-50, d'où l'arrêt du petit clip qui devenait de plus en plus un gros mensonge. Une étude de la Dress de début décembre donne même pour les décès 2/3 de vaccinés contre 1/3 de non vaccinés. Cela ne remet pas en cause l'efficacité du vaccin puisque dans le même temps il est possible que les non vaccinés aient disons 5 fois (pour se fixer les idées) plus de chances que les vaccinés de se retrouver en réanimation.

L'essentiel est alors de ne pas mélanger ce rapport de 1 à 5 utile par ailleurs pour apprécier l'efficacité du vaccin et la répartition vaccinés-non vaccinés en réanimation (ainsi que leur nombre), qui est l'objet de notre propos. Car en définitive ce qui remplit les réanimations ce sont les valeurs absolues et rien d'autre! Or, depuis quelques semaines, on voit réapparaître chez des macronistes impatients d'imposer leur pass vaccinal cette répartition 80-20 voire 90-10, répartition pourtant plus du tout d'actualité et qui contredit les chiffres de l'institut gouvernemental chargé de les établir (*).

Conclusion : En réanimation il y a donc au moins autant et probablement même plus de vaccinés que de non vaccinés aujourd'hui. Et si toute la population était vaccinée l'ordre de grandeur du remplissage serait le même. Donc les non-vaccinés ne sont pas responsables de la saturation qui d'ailleurs est largement exagérée par la confusion réanimation/soins intensifs et qui provient davantage des économies réalisées sur l'hôpital que des malades du covid, vaccinés ou pas.

Conséquence : Cette propagande est électoraliste. Désigner un ennemi intérieur pour faire corps autour du chef. Créer une diversion ie des boucs émissaires pour que l'on ne demande pas trop de comptes sur sa propre responsabilité dans le délitement de l'hôpital public. En particulier disposer d'un coupable idéal en cas de crash sanitaire. Voilà les véritables objectifs de Macron.


Malheureusement cette propagande fonctionne sur beaucoup de nos concitoyens, qui laissent s'installer, voire qui quémandent et applaudissent des mesures de plus en plus coercitives, mesures qui s'empilent par fines tranches et avec un système de cliquet, c'est-à-dire sans retour en arrière. Là où on pouvait espérer qu'après deux ans de mensonges éhontés le doute s'installe on observe curieusement le contraire.

Le ressort de ce paradoxe n'est que trop humain. Exaspérés par cette interminable crise et maintenus dans un climat de peur, ils sont prêts à tout accepter, pourvu qu'on en finisse. De la désignation de coupables imaginaires aux raisonnements les plus farfelus jusqu'aux promesses les plus chimériques. Quelques exemples :

1) "le vaccin est très efficace mais il est tout à fait normal de vivre comme s'il ne fonctionnait pas".

No comment.

2) "les non vaccinés mettent en danger les vaccinés".

Si le vaccin ne protège pas bien, c'est déjà absurde car alors tout le monde contamine tout le monde. Et s'il protège bien, c'est encore plus absurde.

3) "si on vaccinait toute la population il n'y aurait plus de covid".

Rappelons qu'Olivier Véran affirmait il y a quelques mois que lorsque 90% de la population serait vacciné, il n'y aurait plus 20000 cas par jour mais 300. Il ne s'est pas trompé de beaucoup : 300 000 au lieu de 300! Plus sérieusement l'OMS a annoncé qu'il était illusoire de contrôler l'épidémie uniquement avec le vaccin. D'ailleurs vacciner tout le monde signifie vacciner les récalcitrants mais aussi les enfants, les bébés (les femmes enceintes sont d'ailleurs déjà soumises aux règles du pass), les allergiques au vaccin etc... mais aussi les animaux! Admettons que nous réalisions cette impossible prouesse. Alors il faudrait également que le vaccin empêche toute contamination, ce qui est bien sûr loin d'être le cas. Et pour finir il faudrait ajouter une troisième condition fantaisiste : vivre en autarcie jusqu'à la fin des temps... 

(*) Pour être tout à fait honnête, des chiffres différents fournis par la SFAR circulent. Ils divergent largement de ceux de la Dress et sont plus proches de ceux repris dans les médias. Mais ils sont parcellaires et surtout ils adoptent une définition différente pour le statut de vacciné. Pour la SFAR un vacciné qui n'a pas son schéma vaccinal complet n'est pas un vacciné, ce qui modifie évidemment toutes les données.

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