Pour commencer, il faut se poser une question toute bête : quelle est la différence entre ce que nous vivons (couvre-feu, loisirs interdits etc... en bref métro-boulot-dodo) et le confinement de novembre? Pratiquement aucune. Par certains côtés, le confinement de novembre était même préférable puisqu'il permettait de se promener à toute heure grâce à l'autorisation que nous nous auto-administrions, autorisation que nous pouvions très facilement reproduire plusieurs fois dans la même journée. La vérité c'est que nous sommes plus ou moins confinés (certes moins strictement qu'en mars) depuis fin septembre.
Pour un gouvernement habitué à communiquer sur son action face à la pandémie ou plutôt à agir pour pouvoir en tirer des éléments de communication (*), le statu quo ne suffisait pas à attirer la lumière. Insupportable pour la macronie, d'où l'élaboration d'une nouvelle stratégie. Semaine 1, on communique sur le malaise mental des français, spécialement des étudiants. Semaine 2 : la macronie (porte-parole en tête) et des médecins avertissent sur l'inévitable et imminent reconfinement. Semaine 3 : Macron-Zorro débarque et nous annonce qu'il va nous défendre contre les méchants médecins et protéger les jeunes (sans RSA jeunes évidemment).

Quel courage!
Quelle audace!
Et quelle clairvoyance puisqu'il est en passe de gagner son pari (de remonter dans les sondages?)!
Mais que risque-t-il au fond, à partir du moment où il en a appelé à la responsabilité collective? Absolument rien. Si l'épidémie progresse, il aura beau jeu -en maniant la classique dualité du "nous" et du "je" chère aux communicants- d'organiser une nième grande messe où il annoncera que NOUS avons échoué et que par conséquent IL avait décidé, la mort dans l'âme, que.... Encore quelques points de popularité facilement glanés. Comme lors de la comédie des débuts de la vaccination, où il avait soit disant remonté les bretelles de ses ministres, responsables EUX du fiasco. Heureusement que LUI veillait.
Jamais responsable de rien, mais toujours prêt à s'auto-féliciter de tout. Rappelons quelques observations et prédictions de notre éminent épidémiologiste en chef :
1) "les masques ne servent à rien" avant de les rendre obligatoires.
2) "la France va appliquer la stratégie tester et isoler", stratégie qui a pris l'eau.
3) "l'objectif est d'attendre environ 5000 cas par jour avant fin 2020", c'est 4 à 5 fois plus aujourd'hui.
4) "il ne faut pas fermer les frontières car les virus n'ont pas de papier" (la perle de toutes les absurdités prononcées) avant de les fermer précipitamment.
5) "nous aurons 9000 personnes en réanimation mi-novembre, quoi que nous fassions" avant de s'auto-congratuler, à la date fatidique que l'on en recense que 4500.
6) "nous prendrons les décisions sur la base des prescriptions des scientifiques" , avant de les piétiner et de décider tout seul, sans même consulter le parlement ou de rendre public les différents arguments.
Evidemment lorsque la quasi totalité des médias sont acquis à votre cause, de telles inepties ne prêtent pas à conséquence. On peut même marteler en permanence que "nous nous en sortons mieux que les autres pays européens" alors que les chiffres disent le contraire (**). Peu importe, car il y a bien longtemps que la vérité est devenue secondaire et voilà pourquoi il ne fait aucun doute que Macron sera réélu.
(*) Agir pour agir est la doctrine officielle, quitte à prendre des mesures contre-productives ou à tordre les statistiques pour qu'elles confirment la pertinence des mesures prises. Un exemple : alors qu'il avait fallu un mois de confinement strict en mars pour observer un recul de l'épidémie, l'efficacité du couvre-feu aura été proclamée au bout ..... d'une semaine! Sans tenir compte évidemment de l'effet vacances scolaires, puisque à cette époque les enfants n'étaient pas contagieux (en France du moins). Mais sur ce sujet également, le gouvernement a fait volte face, il se réjouit aujourd'hui que les vacances arrivent à point nommé pour permettre au président de gagner son pari. Décidément cela donne le tournis.
(**) voir le site https://www.worldometers.info/coronavirus/ On pourra observer que sur le nombre de morts par habitant (entre autres), au moins une vingtaine de pays européens s'en sortent mieux que nous, sans pour autant adopter des mesures plus restrictives.