A ce stade, il devient inutile d'essayer de convaincre ceux qui pensent que la guerre a débuté le 24 février 2022, suite au coup de folie d'un dictateur. Ils ne démordront pas de leur caricatural "il y a un agresseur et un agressé", reprenant à leur compte le sketch des Inconnus "Biouman". Pourquoi les russes attaquent-ils? Parce qu'ils sont méchants. Pourquoi les ukrainiens? Parce qu'ils sont gentils (lorsque les Etats-Unis et leurs vassaux attaquent un pays souverain, évidemment les rôles s'inversent).
Pour autant, si les paresseux refusent de se pencher sur l'Histoire, ils devraient être plus réceptifs au présent et à ses conséquences sur l'avenir. A savoir des sanctions absurdes et inefficaces, qui se retournent les unes après les autres contre l'Europe. Pas étonnant lorsqu'on organise un embargo sans posséder ni énergie ni matières premières. "Il fallait bien faire quelque chose" nous dirons les plus naïfs. Y compris n'importe quoi? Contre nos propres intérêts?
Quelques nouvelles du front :
Si un pays s'aventure à commercer avec les méchants, les Etats-Unis et Zelenski protestent énergiquement. Pour autant, les Etats-Unis importent encore du pétrole et de l'engrais russes. L'Ukraine, elle, continue d'acheter du gaz et de toucher des royalties sur le pipeline traversant son territoire. Business is business.
Pourtant les Etats-Unis sont auto-suffisants en énergie et recherchent même des débouchées pour leur pétrole et leur gaz de schiste. Ce n'est pas le cas loin s'en faut de l'Europe. Mais peu importe, c'est aux européens et à eux seuls qu'il incombe de poursuivre avec zèle la politique des sanctions, avec un pistolet à bouchon.
Bon exemple, l'embargo européen sur le pétrole. Comment ont réagi les russes? Et bien ils le vendent aux indiens, qui le raffinent et le revendent plus cher à l'Europe. Ouf, la morale est sauve, nous n'avons pas acheté de pétrole directement aux méchants. Nous contournons donc notre propre embargo, à nos frais. Poutine doit bien se marrer, à moins qu'il ne s'inquiète de notre santé mentale.
Mais bon la défense de la démocratie et de la paix mérite bien quelques sacrifices. Sauf que dans le même temps, nous faisons des courbettes à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, pour qu'ils augmentent leur production. Et nous soutenons militairement ces dictatures au Yémen, dans une guerre qui a déjà tué au moins 250 000 civils et où la famine menace. La dictature et la guerre ce n'est pas si grave au fond, lorsqu'il s'agit de nos alliés. Nous piétinons les valeurs dont nous nous réclamons.
Et les musiciens continuent de jouer leurs beaux discours sur l'indépendance européenne et l'écologie. Alors même que notre allégeance aux États-Unis mute en soumission totale et que nous nous apprêtons à importer du gaz de schiste, aberration écologique qui s'ajoute à la réouverture de centrales au charbon. Et il faudra au moins 5 ans pour construire les infrastructures nécessaires à ce gaz, qui ne couvrira même pas nos besoins. Au final moins d'énergie, plus de pollution et plus de dépenses! Carton plein pour le canard sans tête!
Et tout ceci pour quels résultats? Aucun des objectifs de la politique des sanctions n'est atteint. La Russie n'est pas isolée, elle renforce au contraire ses partenariats avec la Chine, l'Inde, l'Iran etc soit la moitié de la planète. Son économie ne s'est pas effondrée, le rouble est au plus haut et la Russie profite des augmentations du prix de l'énergie. Et le niveau d'adhésion à Poutine a progressé dans la population russe, même dans les milieux "occidentalisés".

L'UE est donc la seule région du monde qui joue contre son camp. Pourquoi un tel sabordage? Des dirigeants incompétents, naïfs ou aux ordres de Washington? Peu importe. Ce qui est certain c'est que nous allons manquer d'énergie. Alors pour ne pas perdre la face, nos ayatollah y voient "une formidable opportunité d'accélérer la transition écologique en nous débarrassant des énergies fossiles".
Mouais. Comme le disait Clémenceau "quand les événements nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". D'abord ils oublient le facteur temporel : nous allons manquer d'énergie dans le court et moyen terme alors que les investissements écologiques nécessitent du long terme. Ensuite, insistons encore sur le fait que nous aurons moins d'énergie oui, mais en polluant plus et en payant plus cher. Et pour finir, nos ayatollah ont-ils réellement mesuré les conséquences économiques et sociales d'une pénurie d'énergie?
Le canard sans tête marche sur sa propre tête.
PS : tout ceci sans même évoquer le risque faible mais non nul d'être entrainés, par notre implication militaire, dans une guerre contre la Russie. Et contrairement aux Etats-Unis nous serions encore aux premières loges. D'ailleurs, il faudrait peut-être se réjouir que les sanctions ne fonctionnent pas. Car acculer une puissance qui possède un tel arsenal nucléaire n'est à priori pas très raisonnable...