Radioactivité à Cikande : l’alerte indonésienne
En Indonésie, un incident inhabituel vient de rappeler au public que la menace nucléaire n’appartient pas seulement aux grandes catastrophes spectaculaires.
Neuf personnes exposées, une réponse d’urgence enclenchée
Dans la zone industrielle de Cikande, à Banten, neuf personnes ont été exposées à une substance radioactive identifiée comme du césium-137. L’information a poussé les autorités à activer un protocole d’urgence et à classer l’événement comme un « incident » nécessitant une réponse immédiate. Les victimes, transportées à l’hôpital de référence à Jakarta, ont subi une série de tests allant du contrôle externe au surveymètre jusqu’aux analyses de sang et aux examens de contamination interne par Whole Body Counter. Selon le ministère de la Santé, elles ont reçu un traitement préventif, notamment du bleu de Prusse, et ont pu rentrer chez elles rapidement, officiellement sans symptômes graves.
Le césium-137, une menace invisible et persistante
Le césium-137 est pourtant une substance qui inspire la crainte. Produit par la fission nucléaire, il émet un rayonnement gamma pénétrant qui peut s’infiltrer dans les sols, l’eau, les organismes vivants. Invisible et inodore, il rend tout contact dangereux. L’Indonésie a confirmé la détection de plusieurs points contaminés dans un rayon d’environ cinq kilomètres autour du site et a engagé des opérations de décontamination. Les autorités se veulent rassurantes, mais la révélation qu’une telle substance circule dans une zone industrielle interroge sur les failles de contrôle et sur le risque d’une contamination plus diffuse, notamment dans la chaîne alimentaire.
Fukushima en mémoire, mais une autre réalité
Cette affaire, forcément, fait surgir un parallèle dans les esprits : sommes-nous face à une tragédie du type Fukushima ? La comparaison, bien que tentante, doit être maniée avec prudence. Fukushima fut l’effondrement d’une centrale nucléaire entière, provoquant des rejets massifs de matières radioactives dans l’air, la mer et sur des territoires immenses, avec des dizaines de milliers d’évacuations et des conséquences environnementales et sanitaires encore observées aujourd’hui. À Cikande, il ne s’agit pas d’une centrale dévastée, mais vraisemblablement d’une contamination ponctuelle liée à l’usage ou au stockage d’un isotope radioactif à des fins industrielles. L’échelle est incomparable : neuf personnes suivies médicalement d’un côté, des populations entières déplacées de l’autre.
Cependant, la gravité ne se mesure pas seulement au nombre de victimes immédiates. Ce qui inquiète à Cikande, c’est la source de ce césium, la manière dont il a pu se retrouver hors de contrôle, la possibilité d’une dissémination lente et silencieuse. Si les autorités n’assurent pas une transparence totale et une surveillance à long terme, si les contrôles environnementaux ne sont pas rigoureux, la confiance du public risque de s’effriter. Et l’histoire enseigne que les accidents radioactifs, même modestes au départ, peuvent laisser des cicatrices profondes.
Une alerte contenue, mais porteuse d’un avertissement
Nous ne sommes pas en train de revivre Fukushima, mais nous assistons à une alerte sérieuse. Elle rappelle que la menace nucléaire n’est pas seulement l’affaire des réacteurs géants et des tsunamis, mais aussi des usages industriels dispersés, des failles de régulation, de la négligence possible. Tout dépendra maintenant de la capacité de l’Indonésie à gérer cette crise avec rigueur et transparence. Car si l’événement reste contenu, il restera une leçon. Mais s’il échappe au contrôle, il pourrait devenir bien plus qu’un simple « incident ».
Source :
https://money.kompas.com/read/2025/10/02/161317626/9-orang-terpapar-zat-radioaktif-di-cikande-pemerintah-tetapkan-status-kejadian