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Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 4 septembre 2025

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Indonésie : violence policière et sanctions — un signal ou un simple geste ?

Le 28 août 2025 à Jakarta, la mort d’un chauffeur de moto-taxi percuté par un véhicule blindé de la police Brimob a déclenché des manifestations massives. La révocation d’un officier sanctionné soulève une question : s’agit-il d’une vraie réforme ou d’un simple geste symbolique ?

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Indonésie : violence policière et sanctions — un signal ou un simple geste ?

Le 28 août 2025 à Jakarta, une scène choquante a été filmée : un chauffeur de moto-taxi en ligne, Affan Kurniawan, a perdu la vie après avoir été percuté par un véhicule blindé de la police paramilitaire Brimob. Les images, largement diffusées sur les réseaux sociaux, ont provoqué une onde d’indignation dans tout le pays et mis en lumière la question des pratiques policières.

Une sanction inédite mais suffisante ?

Sous la pression de l’opinion publique, le policier conducteur a été révoqué de ses fonctions. Cette mesure, présentée comme un signal fort de l’institution pour assumer ses responsabilités, a été saluée par certains comme un geste rare.

Pourtant, de nombreux observateurs et manifestants restent sceptiques : s’agit-il d’une véritable réforme structurelle ou seulement d’une réponse ponctuelle visant à calmer l’indignation populaire ?

Excuses et controverse

L’officier sanctionné a présenté des excuses publiques à la famille de la victime, les yeux embués de larmes en signe de contrition. Mais beaucoup considèrent que ce geste, aussi sincère soit-il, ne suffit pas à résoudre la question centrale : comment instaurer un contrôle civil plus efficace et une culture policière respectueuse des citoyens ? La tragédie soulève des interrogations profondes sur l’usage de la force et la responsabilité de ceux qui la commandent.

Le cœur du problème

La sanction disciplinaire est un acte rare et symbolique, mais elle n’aborde pas les enjeux systémiques. Les pratiques violentes, l’usage disproportionné de la force et la culture d’impunité au sein de certaines unités restent des réalités préoccupantes. La société réclame non seulement des mesures individuelles, mais aussi des réformes durables qui garantissent transparence et responsabilité.

Violence policière et réactions publiques : au-delà des sanctions individuelles

Au-delà de ce cas particulier en Indonésie, le débat reflète une interrogation plus large sur la relation entre police et société : comment transformer profondément une institution pour qu’elle serve réellement la population ? La révocation d’un officier peut apparaître comme un premier pas, mais seule une réforme systémique pourra restaurer la confiance du public.

Cette situation résonne avec certains débats en France, où des affaires de violences policières ont également suscité indignation et manifestations. Comme en Indonésie, la question centrale demeure : comment assurer transparence, responsabilité et contrôle citoyen face à des institutions chargées de protéger la population ? Ce drame n’est qu’un épisode parmi d’autres qui se répètent, et la véritable question est universelle : jusqu’à quand les sociétés accepteront-elles de tolérer de telles pratiques ?

Police non violente et désarmée : un modèle envisageable ?

Certains mouvements pacifistes et théoriciens de la sécurité citoyenne se demandent s’il est possible de concevoir une police non violente et désarmée, centrée sur la prévention, le dialogue et la médiation plutôt que sur la répression armée.

Dans ce modèle, les forces de l’ordre seraient avant tout des agents de lien social, formés à la résolution pacifique des conflits et au soutien communautaire. Une telle approche radicale interroge notre conception traditionnelle du maintien de l’ordre et invite à repenser la sécurité comme un bien commun fondé sur la confiance et la coopération, plutôt que sur la peur et la coercition.

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