Pourquoi les bigots aiment tant l’hypocrisie
L’hypocrisie religieuse n’est pas seulement une faiblesse humaine, elle est devenue une véritable méthode de gouvernement moral. Bienvenue dans l’antre des bigots !
Ceux qui se disent les plus pieux prétendent incarner la justice divine, mais leur vie entière est un compromis entre des interdits impossibles à tenir et des privilèges qu’ils tiennent à conserver. Ils parlent de vérité et de droiture, mais leur obsession n’est pas la justice, c’est l’image. Ce qui compte, ce n’est pas d’être juste, mais de paraître pur.
Dans les temples, les églises ou les mosquées, la scène est toujours la même : condamnation tonitruante du vice, promesses de rigueur morale, sermons sur la vertu. Mais sitôt le rideau baissé, on retrouve la mesquinerie, la soif de pouvoir, la corruption ordinaire. L’hypocrisie n’est pas un accident, elle est le carburant de cette mécanique.
Aux yeux des bigots, la religion n’exige pas la justice, seulement l’apparence de piété. Plus on s’affiche vertueux, plus on ignore la véritable justice, celle qui réclame courage et sincérité. Elle exige surtout obéissance et démonstrations visibles de dévotion. On peut exploiter, écraser les pauvres, mépriser les faibles : tant que l’on prie avec ferveur et respecte les rites, l’honneur demeure intact.
C’est là que réside le scandale le plus profond : les bigots ne se soucient pas de justice, mais de pureté rituelle. Ils s’acharnent sur des peccadilles morales – la sexualité, la tenue vestimentaire, les mots prononcés – tout en fermant les yeux sur les injustices criantes : l’oppression sociale, les inégalités, la violence des puissants. Ils se donnent bonne conscience en dénonçant le petit pécheur, alors qu’ils vivent confortablement dans l’ombre des grands injustes. Ils crient au scandale pour une jupe trop courte ou un blasphème, mais ils trouvent mille excuses pour les dictateurs, les tyrans, les exploiteurs qui les financent ou les protègent.
Ainsi se révèle le cœur de l’hypocrisie morale : parler sans cesse de morale, mais sacrifier la justice. Ériger des codes de comportement impossibles, puis offrir des moyens commodes de s’en laver. Se présenter comme gardiens de l’ordre divin, tout en tolérant, voire en bénissant, l’ordre injuste du monde. Les bigots ne sont pas mal à l’aise dans cette duplicité : ils s’y complaisent. Car cette hypocrisie leur donne pouvoir, respectabilité, et la certitude de ne jamais avoir à affronter la seule question qui vaille : non pas « ai-je respecté les rites ? », mais « ai-je été juste ? ».