Cinq navires indonésiens défient le blocus de Gaza
Il ne s’agit pas seulement d’un convoi humanitaire, ni d’un simple geste de solidarité.
La Global Sumud Flotilla est un acte de défi, une rupture symbolique avec la passivité internationale face au blocus de Gaza — ce siège qui, depuis plus de dix-sept ans, enferme plus de deux millions d’êtres humains dans une prison à ciel ouvert.
Et voilà que cinq navires indonésiens, financés par des dons citoyens, rejoignent cette mission internationale impliquant plus de quarante pays. Des embarcations modestes, parties des ports d’Asie du Sud-Est vers la Méditerranée, pour porter un message clair : le silence n’est plus une option.
Une solidarité populaire face à la lâcheté diplomatique
Ces navires n’ont pas été armés par des États, ni financés par des gouvernements.
Ils sont le fruit d’une mobilisation populaire, d’un élan collectif où des milliers de personnes ont donné de leur argent pour envoyer des vivres, des médicaments, et des volontaires vers Gaza.
Des citoyens ordinaires qui ont décidé de faire ce que les institutions refusent de faire : agir, au lieu de déclarer.
Pendant que les chancelleries occidentales multiplient les communiqués tièdes sur “la désescalade” et “la retenue”, des centaines d’hommes et de femmes ont choisi de naviguer à contre-courant, au risque d’être interceptés, menacés, voire arrêtés.
Leur seule arme, c’est la visibilité morale : montrer, par la mer, ce que le monde préfère ignorer à terre.
Quand le droit devient un outil d’oppression
Israël justifie son blocus au nom de la sécurité.
Mais peut-on parler de sécurité lorsqu’un blocus prive une population entière d’eau potable, d’électricité, de soins médicaux ?
Peut-on continuer à invoquer la légitime défense quand les victimes sont des enfants, des civils, des malades ?
Depuis des années, le blocus a cessé d’être une mesure de sécurité. Il est devenu un instrument de contrôle politique, une punition collective à peine voilée. Et ce que cette flottille met à nu, c’est l’hypocrisie du droit international : des textes invoqués à la carte, des principes humanitaires gelés dès qu’ils dérangent l’ordre établi.
Une mer devenue frontière morale
La Méditerranée concentre aujourd’hui toutes les contradictions du monde contemporain :
on y laisse dériver les migrants, on y refoule les secours, et l’on y menace des civils qui veulent livrer de la nourriture à d’autres civils.
C’est dans cette mer saturée de peur et de calcul que la Global Sumud Flotilla trace une route symbolique.
Pas contre un État, mais contre une indifférence globale.
Chaque bateau, chaque port d’escale, chaque drapeau à bord est une manière de rappeler que la solidarité n’a pas de frontières — sauf celles qu’imposent les puissants.
Un miroir tendu à la communauté internationale
Ces cinq navires indonésiens ne changent pas l’équilibre des forces, mais ils mettent à nu l’équilibre des silences.
Ils rappellent que le monde s’est habitué à l’inacceptable.
Que l’idée même d’un couloir humanitaire vers Gaza est désormais perçue comme un “acte provocateur”.
Et que, pour un système international qui tolère l’injustice, ce sont ceux qui tentent de la dénoncer qui deviennent les coupables.
Ce renversement moral est insoutenable — et c’est précisément ce que cette flottille veut exposer.
Le courage des marges
Dans l’histoire, la dignité ne s’est jamais imposée depuis les tribunes officielles, mais depuis les marges, les quais, les embarcations précaires.
Les participants de la Global Sumud Flotilla ne sont pas des héros, ils ne cherchent pas la gloire — seulement à rendre visible un scandale permanent.
Ils rappellent, en naviguant vers Gaza, que l’humanitaire ne devrait pas être un crime, et que la mer n’appartient à personne.
Et peut-être est-ce cela, le vrai danger pour l’ordre établi : que des citoyens décident, sans attendre l’autorisation des États, de se réapproprier le droit d’agir au nom de la justice.
La mer contre le mur
Que deviendront ces bateaux ?
Probablement interceptés, saisis, leurs passagers détenus ou expulsés.
Mais peu importe le sort des navires : leur traversée existe déjà dans la conscience collective.
La Global Sumud Flotilla a redonné sens à un mot qu’on avait vidé de sa substance : humanité.
Et dans ce mot, il n’y a ni calcul, ni stratégie, ni compromis — seulement la conviction que la dignité humaine, même encerclée, même réduite au silence, peut encore lever les voiles.
Car sur cette mer interdite, entre les radars et les ombres, ce ne sont pas seulement des bateaux qui avancent — c’est la conscience du monde qui tente de se remettre à flot.
Source :
https://x.com/andreasharsono/status/1974705064033104063?t=UZkW6EQV9SBlK_I532gA7Q&s=08
https://www.thejakartapost.com/world/2025/10/03/foreign-ministry-confirms-safety-of-indonesian-activist-in-gaza-flotilla.html