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Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 6 octobre 2025

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École effondrée en Indonésie : tragédie et scandale autour de la sécurité

L’effondrement d’un internat à Sidoarjo, Java Est, a fait plus de 53 morts, principalement des élèves. Sous les décombres, une dizaine d’autres sont toujours portés disparus. Ce drame soulève des questions sur la sécurité des infrastructures scolaires en Indonésie, malgré l’existence de normes de construction.

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École effondrée en Indonésie : tragédie et scandale autour de la sécurité

En Indonésie, un drame d’une ampleur terrifiante s’est abattu sur l’internat Al Khoziny de Sidoarjo, à Java Est. L’effondrement d’un bâtiment de quatre étages a coûté la vie à plus de cinquante-trois personnes, tandis qu’une dizaine d’élèves restent encore coincés sous les décombres, dans l’angoisse et l’incertitude. La scène est apocalyptique : les secours s’activent avec des excavateurs pour dégager les gravats, sortant les corps un à un, certains déjà méconnaissables, d’autres encore en attente d’identification. Devant l’établissement, les familles oscillent entre désespoir et colère, confrontées à la brutalité d’un drame que personne ne voulait imaginer.

Le chiffre des victimes, déjà dramatique, souligne l’ampleur du désastre et soulève une question dérangeante : comment un bâtiment destiné à abriter des enfants et à enseigner la foi a-t-il pu s’écrouler comme un château de cartes, emportant autant de vies en quelques secondes ?

Il ne s’agit pas seulement d’un accident malheureux, mais d’un révélateur brutal des failles systémiques qui gangrènent la gestion des infrastructures scolaires en Indonésie. Les normes de construction existent, les protocoles aussi, mais que valent-ils face à l’opacité des permis délivrés, à la corruption endémique, et à la complaisance des autorités locales prêtes à fermer les yeux pour satisfaire un projet ou accélérer une inauguration ? Le mot « SOP », ces procédures opérationnelles censées garantir la sécurité, résonne creux dans ce contexte. Peut-on vraiment parler de standards quand tant d’écoles, d’internats et de lieux de prière s’élèvent sans contrôle indépendant, parfois sans fondations solides, dans une indifférence bureaucratique totale ?

L’ampleur du bilan humain, 53 morts et une dizaine encore introuvables, n’est pas un hasard. Elle est le symptôme d’un système où la vie des enfants devient secondaire face aux logiques d’économie et de prestige. Un bâtiment religieux ou scolaire devrait être l’endroit le plus sûr du monde pour un adolescent, et pourtant, ici, il s’est transformé en tombe collective. C’est une honte nationale, un scandale que l’on tentera peut-être de maquiller en « catastrophe naturelle » ou en « fatalité », alors qu’il s’agit d’un échec humain, institutionnel et politique.

À chaque tragédie, on promet des audits, des révisions de normes, des sanctions. Mais combien de morts faudra-t-il encore pour que cesse le bricolage des infrastructures sur le dos des enfants ? Combien de mosquées, d’internats ou d’écoles doivent encore s’écrouler avant que les autorités indonésiennes admettent qu’il n’existe pas de véritable culture de la sécurité publique ? Les ruines de Sidoarjo ne sont pas seulement des débris de béton : elles sont le miroir d’une société où la foi et l’éducation sont instrumentalisées mais jamais véritablement protégées.

Cet effondrement interpelle bien au-delà de Java Est. Il oblige à regarder en face une vérité amère : tant que les SOP resteront des sigles décoratifs sur du papier officiel et que la vigilance citoyenne sera étouffée par la résignation, les internats indonésiens continueront de se dresser sur des fondations fragiles, et les enfants continueront d’y jouer leur vie.

Source :

https://tirto.id/update-insiden-al-khoziny-53-meninggal-10-korban-masih-dicari-hi3l

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