Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 7 octobre 2025

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Un destin commun ou une illusion partagée ?

Plus que jamais, notre destin est commun, mais nos actions restent fragmentées. Kofi Annan nous rappelle que l’humanité ne survivra qu’ensemble. Face aux crises planétaires, la vraie révolution est humaine : conscience, solidarité et responsabilité doivent guider nos choix pour éviter la déchéance collective.

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Un destin commun ou une illusion partagée ?

« Plus que jamais dans l’histoire de l’humanité, nous partageons un destin commun. Nous ne pourrons le maîtriser que si nous l’affrontons ensemble. » — Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU de 1997 à 2006.

Cette phrase de Kofi Annan, souvent citée et rarement méditée, semble aujourd’hui plus urgente que jamais.

Elle évoque une vérité que nous connaissons tous, mais que nous préférons souvent ignorer : nous sommes liés. Par la planète, par la technologie, par nos fragilités. Et pourtant, jamais l’humanité n’a semblé aussi divisée, aussi fatiguée de ses grands idéaux.

Le rêve d’unité face à la réalité du monde

On aime parler d’unité, de solidarité, de coopération internationale. Ces mots sonnent bien dans les discours officiels, mais ils peinent à se traduire dans les faits.

Car le monde n’avance pas à la même vitesse : les uns cherchent à coloniser Mars pendant que d’autres manquent d’eau potable ; certains prônent la “transition écologique” tout en continuant à exploiter les ressources des plus pauvres.

Le “destin commun” existe, certes — mais il ne se vit pas de la même manière à Oslo, à Lagos ou à Jakarta.

Et c’est peut-être là le paradoxe de notre époque : nous partageons la même planète, mais pas le même horizon.

L’humanité connectée, mais déconnectée

Nous n’avons jamais été aussi connectés, et pourtant si éloignés les uns des autres.

Les réseaux sociaux nous permettent de voir, en temps réel, les souffrances et les luttes du monde entier. Mais au lieu de nous rapprocher, cette surabondance d’informations nous anesthésie.

On défile en ligne, on s’indigne, puis on passe à autre chose.

L’émotion collective est devenue éphémère — et la solidarité, parfois, un mot creux entre deux notifications.

Le défi d’une vraie révolution humaine

Pourtant, il serait trop facile de céder au cynisme. Car derrière les contradictions, il existe encore des élans authentiques de coopération : des chercheurs qui unissent leurs savoirs, des citoyens qui s’engagent, des jeunes qui refusent de renoncer.

Ce sont eux, peut-être, les premiers acteurs d’une révolution silencieuse : celle de la conscience.

Cette révolution-là ne se fera pas dans la rue, ni dans les sommets politiques, mais dans la manière dont chacun conçoit sa place dans le monde.

Elle suppose de passer du “moi” au “nous” — non pas comme un slogan, mais comme une nécessité vitale.

Réinventer le mot “ensemble”

Faire face ensemble, comme le disait Kofi Annan, ne signifie pas penser de la même façon ni renoncer à nos différences.

Cela veut dire reconnaître que la survie de chacun dépend désormais du bien-être de tous.

L’unité n’est pas un idéal naïf ; c’est une condition de survie.

Peut-être que la vraie révolution du XXIᵉ siècle ne sera pas technologique ni économique, mais profondément humaine.

Une révolution lente, intérieure, où la lucidité remplace la peur, et la responsabilité remplace l’indifférence.

Un choix de civilisation

Le destin commun n’est pas une utopie.

C’est un fait — mais encore faut-il l’assumer.

Nous pouvons continuer à vivre dans le confort de nos contradictions, ou décider, enfin, de regarder le monde en face.

Kofi Annan n’appelait pas à un rêve naïf, mais à une maturité collective.

Et si nous voulons que l’humanité ait encore une histoire à raconter, il faudra apprendre à conjuguer ce mot simple, presque oublié : “Ensemble.”

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.