Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

472 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 août 2025

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

La révolte des pirates : quand le pavillon de Luffy défie l'État indonésien

Un drapeau inspiré d’un manga populaire s’est transformé en symbole de protestation en Indonésie. Face à la réaction ferme des autorités, ce geste pacifique reflète l’expression d’une jeunesse en quête de liberté et de changement, soulignant l’importance de la liberté d’expression dans une société en évolution.

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La révolte des pirates : quand le pavillon de Luffy défie l'État indonésien

Dans un Indonésie en effervescence à l'approche de son 80ᵉ anniversaire d'indépendance, un symbole improbable a pris d'assaut les rues, les réseaux sociaux et les consciences : le pavillon des Chapeaux de Paille, emblème du manga japonais One Piece. Ce crâne souriant coiffé d'un chapeau de paille est devenu le cri de ralliement d'une jeunesse en quête de sens, d'un art populaire en quête de liberté, et d'un pays en quête de vérité.

Tout a commencé en juillet, lorsque des chauffeurs de poids lourds, excédés par les nouvelles restrictions sur les camions hors normes (ODOL), ont hissé ce pavillon pirate en guise de protestation. Le geste, d'abord marginal, a rapidement pris de l'ampleur, se transformant en un mouvement national. Des étudiants, des artistes, des militants ont adopté ce symbole, le brandissant comme un étendard de résistance contre la corruption, le chômage et les politiques controversées du gouvernement de Prabowo Subianto.

Mais l'État n'a pas tardé à réagir. Des responsables politiques ont dénoncé ce geste comme une provocation, voire une trahison. Le ministre de la Sécurité a averti que ce pavillon ne devait pas être hissé aux côtés du drapeau national le 17 août, jour de la fête nationale. Dans l'est de Java, des autorités ont confisqué des drapeaux "One Piece", une action condamnée par Amnesty International comme une atteinte à la liberté d'expression.

Pourtant, derrière ce crâne souriant, c'est un message profond qui résonne : celui d'une jeunesse désillusionnée, d'une société en quête de justice, d'un peuple qui refuse de se taire. Ce pavillon n'est pas qu'un simple symbole ; il est le reflet d'une colère, d'une espérance, d'une volonté de changement.

Dans un pays où l'histoire des luttes estudiantines est encore vive, où le souvenir des manifestations de 1998 est ancré dans les mémoires, ce geste rappelle que la liberté d'expression est un droit, non une concession. Et que, parfois, ce sont les symboles les plus inattendus qui portent les voix les plus fortes.

Ainsi, le pavillon des Chapeaux de Paille flotte désormais fièrement, défiant l'État, défiant l'indifférence, et rappelant à tous que la lutte pour la liberté n'a pas de frontières, pas de limites, pas de fin.

Source :

https://www.ucanews.com/news/indonesian-authorities-crack-down-on-pirate-protest-flag/109915

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.