Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

472 Billets

0 Édition

Billet de blog 10 août 2025

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Berdikari : entre rêve et réalité de l’indépendance indonésienne

Le Berdikari — “se tenir sur ses propres pieds” — incarne l’idéal d’autonomie et de souveraineté en Indonésie. Né de la lutte anticoloniale, il inspire toujours, mais entre théorie et pratique, l’écart reste profond : indépendance politique et économique se heurtent aux compromis, dépendances et réalités du pouvoir.

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Berdikari : entre rêve et réalité de l’indépendance indonésienne

“Se tenir sur ses propres pieds” : le Berdikari est un rêve d’indépendance indonésienne. Inspirant sur le papier, il se confronte sur le terrain aux limites du politique et de l’économie, révélant la distance entre philosophie et mise en œuvre concrète.

L’origine d’un idéal

Le concept de Berdikari, contraction de "berdiri di atas kaki sendiri", trouve ses racines dans les luttes anticoloniales du XXᵉ siècle. Il reflète la volonté des nationalistes indonésiens de construire un État capable de se gouverner sans dépendre de puissances étrangères. Au-delà de la souveraineté politique, il porte une dimension morale et philosophique : responsabiliser chaque citoyen et consolider une autonomie collective.

Un idéal philosophique et politique

Le Berdikari n’est pas seulement un slogan historique. Il incarne une véritable philosophie politique qui vise à équilibrer indépendance, justice sociale et développement économique. Dans sa conception, il cherche à créer un cercle vertueux où l’État et la société civile se renforcent mutuellement : un État fort pour protéger la population, et une population autonome pour soutenir l’État.

Entre théorie et pratique

Cependant, appliquer le Berdikari reste un défi majeur. Entre le concept et la réalité, l’écart est palpable. Sur le plan économique, l’Indonésie continue de dépendre de capitaux et de technologies étrangères. Politiquement, le compromis avec des acteurs internes et externes limite parfois la pleine autonomie de l’État. Ces tensions révèlent une vérité incontournable : l’idéal d’indépendance totale est un horizon, rarement atteint dans sa totalité.

Applications concrètes et limites

Dans certains secteurs, le Berdikari a produit des résultats concrets : développement de coopératives locales, initiatives agricoles autonomes, programmes éducatifs visant à renforcer les compétences locales. Pourtant, ces réussites coexistent avec des dépendances persistantes et des compromis politiques qui restreignent l’ampleur de l’autonomie. L’écart entre philosophie et pratique montre que le Berdikari est un processus en cours, plutôt qu’une réalité acquise.

Une vision pour l’avenir

Reconnaître les limites actuelles du Berdikari n’enlève rien à sa valeur symbolique. Au contraire, cette prise de conscience permet de repenser les stratégies pour rapprocher l’idéal de l’action concrète. En soutenant l’éducation, la technologie locale et la gouvernance participative, l’Indonésie peut progressivement réduire l’écart entre rêve et réalité, tout en conservant l’esprit d’autonomie et de responsabilité qui anime le concept.

Conclusion

Le Berdikari demeure un guide philosophique et politique pour l’Indonésie. Son importance dépasse la sphère historique : il invite à réfléchir sur la souveraineté, la responsabilité citoyenne et l’autonomie collective. Si le chemin vers la pleine indépendance reste long, le concept continue de nourrir la réflexion et d’inspirer les actions pour construire une nation capable de “se tenir sur ses propres pieds”.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.