Indonésie : Inauguration du Ministère des Affaires du Hajj
Fin août, au cœur d’une Indonésie secouée par des mouvements sociaux de grande ampleur, le Parlement a validé la création d’un ministère dédié aux affaires du Hajj. Une annonce qui, sur le papier, semble technique, mais qui prend un relief particulier dans le contexte actuel du pays.
Vers une gestion simplifiée du Hajj en Indonésie
Le nouveau ministère est présenté par ses partisans comme une avancée pour la gestion des pèlerinages vers La Mecque. Il centraliserait les procédures, garantirait une meilleure organisation des départs et offrirait aux millions de musulmans indonésiens un cadre administratif plus efficace. « Il s’agit là d’une reconnaissance institutionnelle de la valeur du Hajj pour le peuple indonésien. »
Ministère jugé utile par certains, inutile par d’autres
Mais dans l'opinion public, la décision suscite des réactions mitigées. Alors que la population réclame davantage de justice sociale, de transparence et de services publics de base, certains critiques voient dans cette création un geste politique qui pourrait détourner l’attention des problèmes urgents : inégalités économiques, corruption, tensions intercommunautaires.
Les voix sceptiques s’interrogent sur la pertinence d’investir des milliards de roupies dans un nouveau ministère, alors que d’autres priorités sociales restent en suspens. Les minorités non musulmanes pourraient y percevoir une forme de discrimination. Cela se reflète dans les forums, même si aucun dirigeant de ces minorités n’a officiellement protesté.
Sur le plan économique, le ministère pourrait néanmoins constituer un moteur. La planification budgétaire des infrastructures, le développement des services liés aux voyages et l’organisation logistique des pèlerinages offrent autant d’opportunités pour stimuler certains secteurs et créer des emplois, y compris, dans certaines conditions, pour les citoyens non musulmans.
Lourdes : succès sans centralisation ministérielle
Le contraste avec la France est éclairant. À Lourdes, premier site de pèlerinage catholique du pays, plusieurs millions de visiteurs internationaux affluent chaque année, générant une activité économique importante. Pourtant, aucune structure ministérielle n’existe pour encadrer le pèlerinage. La coordination repose sur des autorités locales et des associations religieuses, combinant souplesse et efficacité. Cela illustre qu’une centralisation excessive n’est pas toujours nécessaire pour garantir le succès d’un pèlerinage à grande échelle.
Un ministère au carrefour de modernisation et de tensions sociales
En Indonésie, le nouveau ministère pourrait devenir un levier puissant si son fonctionnement est transparent et efficace. Mais le défi reste double : améliorer l’expérience des pèlerins tout en répondant aux attentes sociales et politiques d’une population mobilisée. Fin août, la création de ce ministère s’inscrit donc à la fois comme un symbole de modernisation administrative et comme un miroir des tensions sociales qui agitent le pays.
Source :
https://www.google.com/amp/s/en.antaranews.com/amp/news/376313/why-indonesia-is-creating-a-hajj-and-umrah-ministry