Indonésie : Qui paie les projets pharaoniques de Prabowo ?
On nous parle de digues titanesques, de 3 millions de logements sociaux, de réacteurs nucléaires, de fermes géantes et de repas gratuits pour 80 millions d’enfants. Et même d’achats d’armes spectaculaires : avions, sous-marins, porte-avions. Le tableau fait rêver. Mais une question simple s’impose : qui met la main à la poche ?
L’État en première ligne… ou presque
Les annonces sont publiques : l’État indonésien, sous la présidence de Prabowo Subianto, promet de financer une partie des projets via le budget national (APBN). Mais la réalité budgétaire est moins flamboyante que les discours.
Chaque projet coûte des milliards, et certaines cibles — les 3 millions de logements (environ 1,4 milliard US$), les food estates (150 millions US$), le Giant Sea Wall (près de 80 milliards US$) ou encore le programme de repas gratuits pour 80 millions d’enfants (plus de 6 milliards US$ par an) — dépassent largement ce que le budget national peut raisonnablement couvrir à court terme.
Alors, l’État cherche des investisseurs privés et étrangers, et multiplie les partenariats publics-privés. Résultat : certains projets dépendent autant de la volonté de partenaires commerciaux que de la capacité réelle du gouvernement à mobiliser des fonds.
Les recettes et les risques
Qui paie ? En partie, les contribuables. En partie, les entreprises qui investissent dans l’infrastructure et l’énergie, avec des garanties étatiques. Et parfois, les banques étrangères qui prêtent à l’Indonésie. La conséquence : si les projets échouent ou sont retardés, c’est le budget public qui absorbe les coûts supplémentaires, tandis que les bénéfices des investisseurs sont sécurisés.
Pour les programmes sociaux, comme les repas gratuits pour 80 millions d’enfants, c’est encore plus direct : l’argent sort du budget public et doit être géré avec rigueur. Chaque kilo de riz, chaque repas distribué dépend de décisions administratives et de logistique complexe.
L’armement : un luxe coûteux
Et puis il y a les armes. Avions de combat, sous-marins, porte-avions… Ces acquisitions impressionnantes sont financées sur le même budget global de l’État. Chaque dollar dépensé dans l’arsenal est un dollar moins disponible pour les digues, les logements ou la nourriture des enfants. Le choix est clair : montrer la puissance militaire ou investir dans le bien-être social. Les deux en même temps ? Très difficile.
Polémique sans accusation
Le point essentiel : critiquer le financement et les priorités budgétaires n’est pas un délit. On peut débattre de l’ordre des priorités, des arbitrages financiers, et de la faisabilité des projets, sans pointer du doigt des individus ou propager des informations non vérifiées.
Le vrai sujet : la population se demande si ces projets ambitieux sont réalistes et durables, ou s’ils ne servent qu’à la communication et au prestige politique. Qui paiera le prix final ? Les chiffres et la planification répondront, si tout est bien géré, ou laisseront place à des critiques si les budgets explosent.