Indonésie : un manège de fête foraine s’effondre, dix blessés et un lourd silence sur la sécurité
Samedi soir, dans la petite ville de Purworejo, au centre de l’île de Java, la fête battait son plein. Lanternes colorées, musique populaire, cris d’enfants — la foire nocturne, comme partout en Indonésie, était un lieu de rassemblement, d’insouciance et de convivialité. Jusqu’à ce qu’un hurlement rompe l’équilibre : l’attraction Ombak Banyu (« les vagues d’eau ») venait de s’effondrer en plein mouvement, projetant ses passagers au sol.
Dix personnes ont été blessées. Certaines ont perdu connaissance, d’autres ont été retrouvées couvertes de poussière et de sang, sous la structure tordue du manège. En quelques secondes, la fête s’est muée en scène de chaos.
Le choc d’un effondrement
L’accident s’est produit peu après 20 h 30, selon la police locale. Le manège, une attraction populaire qui oscille sur des vagues mécaniques, fonctionnait depuis le début de la soirée. Les témoins racontent avoir vu la structure vibrer, puis plier d’un coup sec. Une partie du châssis s’est détachée, entraînant la chute des sièges.
« Tout s’est passé très vite, on a entendu un bruit métallique, puis des cris », témoigne un habitant joint par téléphone. Les secours improvisés se sont précipités avant même l’arrivée de la police. Les blessés ont été transportés d’urgence vers le centre de santé de Bener. La plupart souffrent de contusions et de traumatismes légers, mais deux enfants ont nécessité une surveillance prolongée.
Un drame évitable ?
Pour les autorités, l’heure est encore à la prudence. Le chef de la police du district, Budi Priyanto, a confirmé l’ouverture d’une enquête sur les causes exactes de l’accident. Le montage de la structure, les matériaux utilisés, les autorisations d’exploitation : tout doit être vérifié.
Mais dans les villages environnants, la colère monte. Les habitants dénoncent un laisser-faire récurrent autour des foires itinérantes. Ces événements, organisés sur des terrains temporaires, sont souvent montés à la hâte, sans contrôle technique approfondi.
« Ces manèges tournent de ville en ville, souvent avec les mêmes pièces, parfois rafistolées à la dernière minute », confie un membre du comité local d’organisation. « Et quand quelque chose casse, c’est toujours la faute du hasard. »
La fête et la précarité
L’Ombak Banyu, attraction bon marché mais très appréciée des familles, incarne le double visage des foires indonésiennes : un divertissement populaire, mais aussi une économie précaire, où la sécurité reste souvent secondaire face aux impératifs de rentabilité.
Le marché de nuit de Purworejo n’échappe pas à cette logique. Loué à un entrepreneur privé, il a attiré des centaines de visiteurs durant le week-end. Le matériel, transporté d’une ville à l’autre, est rarement soumis à des inspections régulières. La plupart des exploitants travaillent sans certification officielle.
Le manque de réglementation nationale sur les manèges temporaires laisse les autorités locales démunies. Les mairies délivrent des autorisations ponctuelles, souvent symboliques, sans moyens d’en assurer le suivi.
Des précédents inquiétants
Ce n’est pas la première fois qu’un tel accident survient. Ces dernières années, plusieurs effondrements similaires ont été signalés à Java et à Sumatra. En 2023, un manège à tambours s’était effondré à Banyumas, blessant sept adolescents. En 2024, une roue de fortune s’était détachée à Kediri, projetant des passagers dans la foule.
À chaque fois, les réactions officielles se ressemblent : promesses d’enquête, fermeture temporaire des attractions, puis oubli. L’incident de Purworejo semble suivre le même scénario.
Le silence des autorités
Dans les heures qui ont suivi l’accident, les organisateurs ont démonté plusieurs structures du site, craignant la colère du public. Les autorités locales, elles, ont d’abord minimisé les faits. Aucune déclaration officielle n’a été publiée avant le lendemain matin.
Ce silence contraste avec la rapidité avec laquelle les images de l’effondrement ont circulé sur les réseaux sociaux. Les vidéos montrent le manège se plier sur lui-même, les cris de panique, puis la confusion.
Sur les forums locaux, beaucoup dénoncent « une fatalité entretenue ». D’autres rappellent que la foire, souvent perçue comme un symbole de joie collective, est devenue le miroir d’un système fragile, où l’amusement populaire se joue souvent au bord du danger.
Une tragédie ordinaire
L’effondrement de l’Ombak Banyu n’aura duré que quelques secondes. Mais il résume à lui seul des années de négligence et de compromis. Une fête populaire, un manège sans contrôle, des blessures, puis un retour au silence.
À Purworejo, le marché de nuit a rouvert dès le lendemain, amputé de quelques stands. La vie continue, dit-on. Mais pour ceux qui ont vu la structure s’effondrer, la peur reste présente.
Comme souvent, la tragédie n’a pas fait de morts. Et c’est peut-être cela, le plus cruel : qu’il faille attendre un drame plus grand pour que la sécurité, enfin, devienne une priorité.
Source :
https://news.detik.com/berita/d-8157539/wahana-ombak-banyu-pasar-malam-di-purworejo-ambruk-10-penumpang-terluka