Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

468 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 octobre 2025

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Les U-Boote Nazies en Indonésie

Dans les eaux indonésiennes reposent onze U-Boote nazis et les histoires silencieuses de mille marins allemands. Envoyés par Hitler pour soutenir le Japon et harceler les Alliés, ces sous-marins révèlent une guerre globale oubliée, où courage, danger et secrets traversent l’océan Indien.

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les U-Boote Nazies en Indonésie

On imagine rarement l’archipel indonésien comme un théâtre de la Seconde Guerre mondiale, et pourtant, dans ses eaux chaudes et profondes, reposent les vestiges d’un secret oublié : onze sous-marins allemands, des U-Boote de la Kriegsmarine, et les histoires silencieuses de mille marins emportés par la guerre. Ces navires, venus de l’autre bout du monde, racontent une aventure étrange, presque irréelle, où l’Europe et l’Asie se croisent sous le signe de la guerre et de la survie.

Hitler, dans son obsession de domination globale, avait envisagé de projeter le pouvoir nazi bien au-delà de l’Atlantique et de l’Europe centrale. Les océans de l’Indonésie n’étaient pas qu’un décor exotique : ils représentaient une toile stratégique. Les U-Boote y étaient envoyés pour harceler les convois alliés, perturber le transport de pétrole, de caoutchouc et de minerais essentiels, tout en soutenant le Japon, l’allié silencieux de l’Axe. Certains de ces sous-marins transportaient armes et pièces détachées, d’autres servaient de navettes pour les agents secrets et les informations stratégiques, naviguant sous le ciel indonésien comme des ombres furtives.

Le voyage jusqu’en Asie était un périple périlleux. Les marins allemands traversaient l’océan Indien, loin des bases sûres, dans un ballet de vigilance et de tensions permanentes. Chaque vague, chaque bruit métallique à bord, chaque alarme pouvait annoncer un danger mortel. Et pourtant, ils avançaient, portés par la discipline de la Kriegsmarine et l’inquiétante certitude que leur mission, si lointaine, servait un dessein plus vaste qu’eux-mêmes.

Les années ont passé, et beaucoup de ces sous-marins ont disparu dans les eaux indonésiennes. Le U-195, par exemple, a été scellé et coulé dans le détroit de Bali après la fin des hostilités, devenant une tombe pour certains de ses marins. Puis, presque soixante-dix ans plus tard, des plongeurs curieux ont trouvé l’épave d’un U-Boat au large de Java. À l’intérieur, les restes de dix-sept marins reposaient encore, entourés de jumelles, de batteries, d’une bouteille d’huile capillaire, petits vestiges d’une vie suspendue. Des objets décorés de la croix gammée racontaient un monde disparu, où le destin de ces hommes avait été lié à une idéologie et à une guerre qui les dépassaient.

Il y a quelque chose de poignant dans ces découvertes. Les corps préservés, les effets personnels, les coques rouillées des U-Boote : tout cela parle d’un mélange étrange de courage, de peur et de solitude. Ces navires sont devenus des témoins muets d’une époque où les océans étaient le théâtre de luttes pour la survie, la domination et la liberté. Mais plus que cela, ils rappellent la portée globale de la guerre nazie, la manière dont l’Europe a projeté son conflit jusqu’aux mers lointaines d’Asie, et comment les hommes ordinaires se sont retrouvés embarqués dans des aventures extraordinaires, parfois fatales.

Aujourd’hui, ces épaves murmurent une histoire méconnue, mais toujours vibrante de mystère et de fascination. Chaque plongée, chaque photographie, chaque fragment remonté des abysses évoque une page arrachée d’un journal intime englouti par le temps. Les U-Boote nazis échoués en Indonésie ne sont pas de simples débris de guerre : ils témoignent d’un conflit qui a franchi toutes les frontières, et dont les échos continuent de résonner dans le silence énigmatique des profondeurs marines.

Pour les amateurs d’histoire, le site de Cikopo offre une perspective rare sur ce passé effacé : c’est là que reposent plusieurs marins allemands tombés sur le sol indonésien, rappelant avec une émotion contenue la dimension universelle — et tragiquement humaine — de la Seconde Guerre mondiale.

Sources :

https://www.pikiran-rakyat.com/nasional/amp/pr-01294426/indonesia-basis-nazi-jerman-di-asia-dan-kisah-sebelas-kapal-selam-420765?page=5

https://daerah.sindonews.com/newsread/640899/171/riwayat-makam-tentara-nazi-jerman-di-kaki-gunung-pangrango-1640653936

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.