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Billet de blog 13 septembre 2025

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Garibaldi : un vieux porte-avions italien dans le collimateur de Jakarta

L’Indonésie manifeste un vif intérêt pour le Giuseppe Garibaldi, porte-avions italien âgé de 40 ans. Long de 180 mètres et équipé de missiles et d’aéronefs, il pourrait renforcer la marine indonésienne. Mais son âge, le coût des rénovations et l’infrastructure nécessaire soulèvent des interrogations sur son utilité réelle.

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Garibaldi : un vieux porte-avions italien dans le collimateur de Jakarta

Jakarta – Dans les couloirs de l’état-major de la marine indonésienne, une rumeur circule depuis des mois. Et elle vient d’être confirmée : l’Indonésie lorgne sur un navire emblématique de la marine italienne, le Giuseppe Garibaldi. Ce porte-avions, mis en service en 1985, s’apprête à quitter le drapeau tricolore pour peut-être hisser le rouge-blanc de l’archipel.

À première vue, l’idée a de quoi impressionner. Long de 180 mètres, capable d’atteindre 30 nœuds, équipé de missiles surface-air, de canons et de radars sophistiqués, le Garibaldi a été conçu pour embarquer hélicoptères et avions à décollage vertical. Autrement dit : une véritable forteresse flottante. Pour la première fois de son histoire, l’Indonésie pourrait se doter d’un porte-avions, symbole suprême de puissance maritime.

Mais derrière l’enthousiasme officiel, les interrogations s’accumulent. Car le navire a un âge respectable : quarante ans. Les spécialistes rappellent qu’un tel bâtiment, même encore robuste, nécessite des rénovations lourdes et coûteuses. Remettre à niveau les moteurs, moderniser les systèmes électroniques, assurer l’approvisionnement en pièces de rechange – tout cela suppose un budget considérable.

L’état-major tente de rassurer. Selon l’amiral Muhammad Ali, le Garibaldi ne servirait pas seulement aux opérations de combat. « Nous voyons ce navire avant tout comme un outil pour les opérations militaires autres que la guerre : missions humanitaires, secours lors de catastrophes, évacuations », explique-t-il. L’archipel indonésien, exposé aux tsunamis, séismes et éruptions volcaniques, aurait effectivement besoin de plateformes de secours rapides et polyvalentes.

Pourtant, les critiques fusent. Dans les débats publics, un mot revient : « alutsista ». Ces équipements militaires de prestige, souvent importés à prix d’or, sont accusés par certains de devenir des jouets coûteux, plus utiles pour flatter l’ego des généraux que pour répondre aux besoins réels du pays. Un porte-avions, symbole de projection de puissance, est-il vraiment adapté aux défis indonésiens, faits de piraterie maritime, de pêche illégale et de catastrophes naturelles ?

Les analystes rappellent qu’un tel navire n’arrive jamais seul. Il faut former des équipages spécialisés, construire des infrastructures portuaires adaptées, développer une aviation navale embarquée – tout un écosystème logistique et budgétaire. Sans cela, le Garibaldi pourrait vite se transformer en mastodonte à quai, plus souvent exposé aux cérémonies qu’aux opérations.

Reste la dimension symbolique. Pour un pays qui se veut puissance régionale, qui revendique son rôle en mer de Chine méridionale et dans l’ASEAN, posséder un porte-avions n’est pas qu’une question de défense : c’est un signal diplomatique. Comme si l’Indonésie voulait dire à ses voisins et aux grandes puissances : « Nous aussi, nous pouvons jouer dans la cour des grands. »

Alors, achat stratégique ou caprice militaire ? L’histoire du Garibaldi en Indonésie n’en est qu’à ses débuts. Mais déjà, elle cristallise une question plus large : jusqu’où un pays doit-il aller dans la course aux armements pour être respecté, sans tomber dans la tentation de collectionner des symboles coûteux, transformant sa défense en vitrine de prestige plutôt qu’en outil efficace de sécurité nationale.

Source :

https://nasional.kompas.com/read/2025/09/12/23224101/tni-minati-kapal-induk-garibaldi-usia-40-tahun-dilengkapi-rudal

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