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Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 14 septembre 2025

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L’humanité court à sa perte : l’urgence de rééquilibrer les dépenses militaires

L’humanité court à sa perte : les dépenses militaires mondiales explosent, pouvant atteindre 6,6 trillions de dollars d’ici 2035, tandis que la paix et le développement restent dramatiquement sous-financés. Rediriger ces ressources vers l’éducation, la santé et l’environnement est devenu un impératif pour assurer notre survie collective.

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L’humanité court à sa perte : l’urgence de rééquilibrer les dépenses militaires

Un récent rapport des Nations Unies attire une fois de plus notre attention sur une réalité inquiétante : le monde est surarmé. Tandis que la paix, l’éducation, la santé et le développement durable restent dramatiquement sous-financés, les budgets militaires explosent. Selon ce rapport, si les tendances actuelles se poursuivent, les dépenses militaires mondiales pourraient atteindre entre 4,7 et 6,6 trillions de dollars d’ici 2035, soit un bond spectaculaire par rapport aux 2,2 trillions dépensés en 2023. Cette surenchère met en péril la sécurité humaine, la stabilité économique et même la survie de notre planète.

Quand l’armement nourrit l’insécurité

La fin de la Guerre froide n'a pas mis fin à la course aux armements. Les États-Unis restent en tête avec plus de 800 milliards de dollars annuels, suivis par la Chine, la Russie, l’Inde et l’Europe. Ces sommes colossales financent des armes de plus en plus sophistiquées : drones autonomes, missiles hypersoniques, cyberarmes et programmes nucléaires modernisés. Pourtant, malgré cette accumulation de puissance militaire, le monde n’est pas devenu plus sûr. Les conflits régionaux se multiplient : la guerre en Ukraine, les tensions en mer de Chine méridionale, la crise au Moyen-Orient, la violence en Afrique subsaharienne, pour ne citer que quelques exemples, montrent que l’armement massif n’empêche pas la guerre ; il l’intensifie parfois.

L’humanité sacrifiée sur l’autel des armements

L’écart entre les besoins humains et les dépenses militaires est abyssal. Alors que 2 % du PIB mondial sont consacrés aux armements, seulement une fraction infime est investie dans des secteurs vitaux tels que la santé publique, la lutte contre la pauvreté ou l’adaptation au changement climatique. Chaque année, environ 10 % de la population mondiale vit dans l’extrême pauvreté, tandis que 2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Selon l’ONU, un redéploiement de 10 % des dépenses militaires mondiales pourrait financer l’éducation primaire pour tous les enfants du monde et fournir des soins de santé essentiels à des centaines de millions de personnes.

Les conséquences de ce déséquilibre sont dévastatrices. La militarisation exacerbe les tensions géopolitiques, accroît le risque de conflits armés et détourne des ressources essentielles à la lutte contre les crises globales, comme le réchauffement climatique. Ironiquement, ces crises elles-mêmes peuvent alimenter les conflits : la rareté de l’eau, la désertification, la perte de récoltes et les migrations forcées sont autant de facteurs de tensions futures.

Repenser la sécurité collective au-delà de la force

Pourtant, il existe des alternatives concrètes. Le désarmement progressif, les traités de limitation des armements, la diplomatie multilatérale et la coopération internationale ont montré leur efficacité dans certaines régions. Par exemple, les accords de désarmement nucléaire avec l’Iran, la réduction des arsenaux nucléaires après la Guerre froide et les efforts pour limiter la prolifération des armes légères dans certaines parties de l’Afrique ont contribué à réduire les risques de conflits majeurs. Mais ces succès restent marginaux face à la tendance globale.

Il est impératif de repenser nos priorités. Chaque dollar dépensé pour la paix et le développement est un investissement dans la sécurité collective. Éducation, santé, infrastructures durables, transition énergétique : tous ces secteurs renforcent la résilience des sociétés, réduisent les inégalités et diminuent le risque de conflits. En comparaison, les dépenses militaires massives créent une illusion de sécurité tout en alimentant la course à l’armement.

Le rééquilibrage des ressources exige du courage politique. Les dirigeants doivent affronter les lobbies de l’armement, surmonter la méfiance internationale et convaincre leurs populations que la vraie sécurité ne réside pas dans l’accumulation de missiles, mais dans la coopération, la justice sociale et le développement humain. C’est un défi colossal, mais indispensable.

L’humanité face au choix : destruction ou survie

L’histoire nous enseigne que la surarmement mène souvent à la catastrophe. Des civilisations entières ont sombré en raison de conflits incessants et de dépenses militaires excessives. Aujourd’hui, l’humanité est confrontée à un risque encore plus grand : la destruction massive par des armes modernes et la détérioration accélérée de notre environnement. Courir à sa perte n’est pas une fatalité ; c’est un choix.

Si nous voulons un avenir viable, nous devons agir maintenant. La surenchère militaire doit céder la place à l’investissement dans la paix et le développement. Rediriger même une fraction des 4,7 à 6,6 trillions de dollars projetés vers la santé, l’éducation et l’environnement pourrait transformer la vie de milliards de personnes et réduire considérablement les risques de guerre. L’humanité a le pouvoir de choisir la survie plutôt que la destruction, la coopération plutôt que la confrontation, la construction plutôt que la guerre. L’histoire jugera sévèrement ceux qui auront ignoré cet appel.

L’humanité court à sa perte… à moins que nous ne changions radicalement de trajectoire.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.