Autodafé moderne à Bandung ?
29 livres saisis, mais Mein Kampf toujours en vente
Fin août-début septembre 2025, la ville de Bandung a été secouée par des manifestations qui ont dégénéré en violences. Dans le cadre de l’enquête, la police de Java-Ouest a saisi 29 livres appartenant à des activistes, soupçonnés de contenir des idées anarchistes ou radicales. Ce geste a provoqué un véritable choc dans le milieu littéraire et militant.
Quand la censure frappe les idées radicales… mais pas toutes
Le contraste est frappant : alors que ces 29 ouvrages disparaissent derrière les portes des commissariats, des textes controversés comme Mein Kampf, accusé de propager la haine et les idéologies totalitaires, continuent d’être vendus librement dans les librairies de l’archipel. Une situation qui interroge : pourquoi certaines idées peuvent-elles circuler librement tandis que d’autres deviennent « dangereuses » ?
Bientôt un autodafé moderne ?
Selon la police, les livres saisis auraient « inspiré la pensée des manifestants » et seraient liés à l’anarchisme. La justification officielle évoque la menace pour l’ordre public. Mais pour de nombreux observateurs, la mesure ressemble à un autodafé moderne, un geste symbolique qui rappelle les régimes autoritaires du passé.
« Il ne s’agit pas seulement de sécurité, mais bien du contrôle des idées : une atteinte directe à la liberté intellectuelle. »
Le paradoxe indonésien : liberté et censure coexistent
Depuis la chute du régime Suharto en 1998, l’Indonésie avait renoncé à son index officiel des livres interdits. Pendant plus de vingt ans, même des textes polémiques pouvaient être vendus sans restriction. Aujourd’hui, la confiscation ciblée de ces ouvrages anarchistes soulève un paradoxe dangereux : des livres prônant des idées radicales peuvent être retirés du marché, tandis que des textes comme Mein Kampf, porteurs de messages extrémistes et racistes, restent accessibles à tous.
Cette situation met en lumière la frontière floue entre protection de l’ordre public et oppression intellectuelle. Elle pose également une question fondamentale : la lecture d’idées politiques radicales suffit-elle pour considérer un livre comme un « danger public » ?
Vers un climat d’auto-censure
Si la presse a révélé 28 des 29 titres saisis, elle a donné très peu d’indications sur leur contenu. Ce flou nourrit la peur et l’auto-censure parmi les auteurs et éditeurs : publier un texte critique ou radical pourrait désormais devenir un acte à haut risque. Le message est clair : certaines idées sont tolérées, d’autres proscrites, selon une logique qui semble guidée par l’arbitraire.
La liberté d’expression à l’épreuve
La saisie de ces 29 livres à Bandung rappelle que la censure, même informelle, peut renaître à tout moment. Elle souligne le danger d’un climat où certaines idées sont criminalisées tandis que d’autres circulent librement, créant un paradoxe inquiétant pour la liberté intellectuelle et la société indonésienne dans son ensemble.
Source :
https://www.detik.com/jabar/berita/d-8116369/29-judul-buku-yang-diamankan-dari-tersangka-kasus-demo-rusuh-di-bandung