La Mentalité Chrétienne en Indonésie : Une Ironie Pleine de Contradictions
Il est fascinant, presque tragiquement comique, d’observer la mentalité de certains chrétiens en Indonésie. Un pays où la majorité de la population est musulmane et où, paradoxalement, certains fidèles chrétiens semblent déployer une bonté presque chevaleresque envers ces voisins musulmans, tout en réservant une hostilité féroce à quiconque ne partage pas exactement leur dogme.
On pourrait appeler cela la « charité sélective » : un phénomène où la tolérance et la bienveillance semblent fonctionner comme des interrupteurs à sens unique. Ainsi, le chrétien indonésien moyen peut sourire, offrir son aide et témoigner d’une patience infinie à l’égard du musulman de quartier, mais devient subitement un juge intransigeant dès qu’un frère ou une sœur de foi différente ose exprimer une interprétation légèrement divergente des textes sacrés.
Cette dichotomie se manifeste de façon éclatante dans le cas récent du Père Patris Allegro. Accusé de blasphème envers le protestantisme, il n’avait pourtant fait que raviver un débat théologique qui dure depuis cinq siècles. Sa seule audace fut de rappeler des questions historiques et doctrinales anciennes, mais pour certains fidèles, le simple fait de remettre en discussion des certitudes ancestrales suffisait à déclencher une condamnation. Loin d’être un incident isolé, cet épisode illustre l’intolérance latente au sein même de la communauté chrétienne : la tolérance s’arrête net dès qu’une pensée interne diverge du dogme officiel.
Le contraste est saisissant : le même groupe organise des collectes de charité pour ses voisins musulmans, des fêtes interreligieuses et des gestes de fraternité publique qui donnent l’impression d’une tolérance universelle, tout en n’hésitant pas à ostraciser ou à dénoncer publiquement ceux qui s’écartent du dogme établi. La compassion devient un spectacle pour l’extérieur, tandis que l’intérieur se transforme en tribunal rigide et impitoyable.
Cette « charité à géométrie variable » révèle un schéma troublant : une compassion ostentatoire envers l’extérieur et une cruauté méthodique envers l’intérieur. La bienveillance n’est pas un principe moral universel mais un outil stratégique : elle est déployée là où elle peut être admirée, applaudie et valorisée, tandis que toute divergence interne est perçue comme une menace à la cohésion doctrinale.
En fin de compte, la mentalité chrétienne telle qu’illustrée par ce cas nous rappelle une leçon involontaire mais percutante : la bonté n’est pas seulement une question de croyance, mais surtout une question de cible. Elle s’exprime volontiers vers ceux que l’on considère comme « autres », mais se fige en une rigidité glaciale envers ceux qui, trop proches, osent mettre à l’épreuve le dogme établi. Le Père Patris Allegro est là pour nous le rappeler : la tolérance extérieure peut masquer une intolérance intérieure presque caricaturale.