Charte contre l’instrumentalisation de la religion : symbole ou réel changement ?
Il y a un an, le 5 septembre 2024, le pape François et l’imam Nasaruddin Umar signaient à la mosquée Istiqlal de Jakarta une charte commune contre l’instrumentalisation de la religion. L’objectif affiché : promouvoir la fraternité, la tolérance et empêcher que la foi soit instrumentalisée à des fins politiques ou personnelles. Un geste de haute portée symbolique, que beaucoup ont salué. Mais un an plus tard, que reste-t-il réellement de cette initiative ?
Un geste hautement symbolique
Il est indéniable que la scène avait quelque chose de théâtral : la présence conjointe du pape et du grand imam, les discours sur la paix, la fraternité interreligieuse et la lutte contre les abus de la religion, les images soigneusement diffusées dans le monde entier. Pour le Vatican comme pour le gouvernement indonésien, l’enjeu était double : montrer un engagement pour la paix religieuse et consolider une image de modération et de dialogue.
Mais derrière cette façade, se pose la question essentielle : combien de ces symboles se traduisent dans la vie concrète des populations ? Car la charte, aussi noble soit-elle, ne suffit pas à transformer les réalités locales, où tensions, discriminations et instrumentalisation politique persistent.
Des initiatives mais des limites
Depuis la signature, Nasaruddin Umar a été nommé ministre des Affaires religieuses. Il a lancé plusieurs initiatives, dont la “Pédagogie de l'Amour ” destiné aux enseignants pour promouvoir la tolérance et prévenir l’instrumentalisation de la foi. Une démarche louable. Pourtant, sur le terrain, l’impact reste limité : beaucoup de communautés locales ne ressentent pas encore les effets tangibles de cette charte.
Le symbole, bien que fort, ne peut remplacer l’action concrète. Et si l’on se limite aux apparences, le risque est que ce geste historique se réduise à un simple exercice de relations publiques.
Un appel à la vigilance chrétienne
Pour le chrétien attentif aux valeurs de justice, de fraternité et de sincérité, cette charte doit être lue avec discernement. Elle est une invitation à regarder au-delà des images et des déclarations : quelles politiques concrètes soutiennent ces engagements ? Comment la charte se traduit-elle dans la protection des communautés et dans la prévention de l’instrumentalisation religieuse ?
Elle rappelle également une vérité universelle : les beaux discours ne suffisent pas. La foi, lorsqu’elle est détournée pour servir des intérêts politiques, perd de sa force et de sa crédibilité. Il appartient à chacun, en particulier aux leaders religieux et aux citoyens, de transformer ces intentions en actes tangibles.
Entre espoir et scepticisme
Un an après la signature de la charte commune contre l’instrumentalisation de la religion, le symbole est là, puissant et porteur d’espoir. Mais le changement réel reste à confirmer. Pour nous, le message est clair : il faut continuer à observer, encourager et exiger des actions concrètes, afin que le dialogue interreligieux dépasse le stade de la mise en scène et devienne une réalité bénéfique pour tous.