Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 22 septembre 2025

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Pourquoi les racistes ne savent jamais qu’ils le sont ?

Pourquoi certains refusent-ils obstinément de se voir racistes, tandis que d’autres s’interrogent dès qu’on les interpelle ? Entre ego, biais inconscients et pression sociale, le racisme invisible se cache là où on ne l’attend pas, et seule l’introspection permet de confronter nos propres zones d’ombre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pourquoi les racistes ne savent jamais qu’ils le sont (et les autres culpabilisent pour rien)  ?

Le racisme n’est pas toujours ce que vous croyez. Dans notre société, il est courant que ceux qui entretiennent des préjugés refusent de se voir comme racistes, tandis que ceux qui n’ont jamais discriminé se flagellent dès qu’on les interpelle. Comment expliquer ce paradoxe ? La réponse se cache dans la psychologie humaine, les biais inconscients et la peur de se confronter à soi-même.

Le mur invisible de l’ego

Accuser quelqu’un de racisme, c’est toucher à son identité morale. L’être humain a besoin de croire qu’il est « bon », juste et cohérent. Pour ceux dont l’esprit est truffé de préjugés implicites, cette accusation est une menace directe. Résultat : le refus, souvent instinctif, est total. La colère, la justification, le déni deviennent des armes pour défendre le mur invisible de l’ego.

Les non-racistes, eux, n’ont rien à défendre. La critique devient un miroir : ils se regardent, analysent, ajustent. La différence est flagrante : l’un se ferme, l’autre s’ouvre.

Quand le cerveau trahit

Deux biais cognitifs majeurs nourrissent ce phénomène :

  • Biais de confirmation : nous voyons ce que nous voulons voir. Si vous croyez être juste, vous ne remarquerez jamais vos petites injustices, vos silences complices ou vos stéréotypes quotidiens.
  • Self-serving bias : nous interprétons tout pour préserver notre image. Être accusé de racisme ? Impossible ! Cela ne peut concerner que l’autre, jamais moi.

Ces biais rendent le racisme souvent invisible à celui qui le pratique.

Le racisme invisible, le plus perfide

Le racisme ne se manifeste pas toujours par des insultes ou des violences. Il se cache dans les choix automatiques : à qui on sourit, qui on sélectionne pour un poste, qui on juge digne d’attention. Les biais implicites sont là, silencieux, puissants. Les consciences éveillées peuvent les repérer et se corriger. Les autres, non. Et c’est exactement ce qui rend le problème si complexe.

La société qui protège les ignorants

La réaction face au racisme est aussi sociale. Dans des milieux où les stéréotypes sont banalisés, reconnaître ses préjugés est perçu comme faiblesse ou trahison du groupe. Dans les environnements plus progressistes, la critique devient un outil de croissance. Les uns ferment les yeux, les autres les ouvrent.

L’introspection comme super-pouvoir

L’introspection est ce qui sépare le conscient du subconscient, le courage moral de l’aveuglement. Les individus capables de s’examiner, de reconnaître leurs biais et de les corriger sont rares mais essentiels. Ils font bouger les lignes, questionnent les normes et réduisent les injustices, souvent sans le crier.

Conclusion

Le paradoxe est cruel mais éclairant : ceux qui devraient se remettre en question refusent de le faire, et ceux qui devraient se sentir tranquilles s’inquiètent inutilement. Le progrès social ne passera pas par le déni mais par la capacité à regarder en face nos propres zones d’ombre. Reconnaître ses biais, même les plus petits, est un acte de courage et d’honnêteté.

La question n’est pas « suis-je raciste ? », mais « suis-je prêt à regarder honnêtement mon propre esprit ? ». Et c’est cette introspection qui distingue les humains conscients des inconscients.

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