Racisme : le péché mortel oublié de l’Église
Pendant des siècles, l’Église catholique a su lever la voix contre certaines idéologies et pratiques qu’elle jugeait contraires à la foi. Le communisme, par exemple, a été condamné avec une fermeté exemplaire : Divini Redemptoris (1937) de Pie XI dénonçait l’athéisme matérialiste et le collectivisme radical comme une menace directe pour la foi et l’autorité ecclésiale. Pourtant, lorsqu’il s’agissait de racisme, de hiérarchies raciales ou de la suprématie d’un groupe sur un autre, le silence a été assourdissant. L’Église n’a jamais déclaré le racisme comme un péché mortel, malgré son impact dévastateur sur des générations entières.
Le racisme ignoré, un péché social mais jamais spirituel
Le racisme est une transgression morale majeure : il nie la dignité de l’être humain, crée des hiérarchies injustes et légitime la violence et l’exploitation. Pourtant, pour l’institution ecclésiale, il n’a jamais été codifié comme péché mortel, c’est-à-dire comme une offense grave rompant la relation avec Dieu. Pourquoi ? Parce que l’Église a longtemps perçu le racisme comme un mal social, culturel ou politique, plutôt que comme une faute spirituelle individuelle. Les structures coloniales, l’esclavage africain et la ségrégation aux Amériques ont pu se développer sous son silence, et parfois avec sa complicité implicite.
Communisme vs racisme : une hiérarchie morale révélatrice
Le contraste est frappant :
- Le communisme a été combattu vigoureusement car il attaquait la doctrine et menaçait le pouvoir ecclésial. L’institution a mobilisé ses encycliques, ses thèses et son influence politique pour le dénoncer comme hérésie et danger spirituel.
- Le racisme, en revanche, détruisait des vies humaines et légitimait l’esclavage et la colonisation pendant des siècles, mais restait hors de la liste des transgressions graves. Il était toléré tant qu’il ne contestait pas le pouvoir ou la hiérarchie de l’Église.
Ainsi, ce qui aurait dû être reconnu comme un péché mortel universel a été « oublié », relégué à un simple problème social. Le communisme était visible, menaçant et doctrinalement condamnable ; le racisme était invisible, structurel et socialement accepté.
Les conséquences de ce silence
Le coût de cette omission est colossal :
- Le silence de l’Église a légitimé la colonisation et l’exploitation raciale.
- Il a retardé l’émergence d’une théologie antiraciste universelle.
- Il a placé l’institution dans une position de complicité morale, préférant le confort doctrinal et les alliances politiques à la justice universelle.
En conséquence, des millions de vies ont été brisées et l’injustice s’est perpétuée, pendant que l’institution continuait de parler de charité et de morale.
Réparer le péché oublié
Reconnaître aujourd’hui que le racisme est un péché mortel serait un acte de vérité radical et nécessaire. Cela obligerait l’Église à :
1. Confronter son silence historique et sa complicité implicite.
2. Affirmer que la dignité humaine transcende toute couleur, ethnie ou culture.
3. Élever le racisme au rang de faute grave, universelle, comparable à l’hérésie ou à d’autres transgressions spirituelles condamnées.
Tant que ce pas n’est pas fait, le racisme restera un péché mortel oublié, et l’institution continuera d’être jugée par l’histoire non seulement sur ce qu’elle a dénoncé, mais surtout sur ce qu’elle a omis de condamner.