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Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 23 septembre 2025

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Israël à Jakarta : spéculation sur un impossible rapprochement

Scénario hautement improbable : Israël reconnaît enfin un État palestinien et ouvre une ambassade à Jakarta. Victoire diplomatique ou illusion cruelle ? Derrière ce mirage se cachent promesses économiques, fractures internes et séisme géopolitique. Et si l’impensable devenait réalité ?

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Israël à Jakarta : spéculation sur un impossible rapprochement

Soyons clairs dès le départ : la probabilité qu’Israël reconnaisse un véritable État palestinien et ouvre dans la foulée une ambassade à Jakarta est quasi nulle. Tel-Aviv n’a jamais montré la moindre volonté politique de céder sur ce point, et la solution à deux États reste pour l’instant un horizon lointain, presque mythique. Ce qui suit n’est donc qu’un exercice de spéculation, une projection volontairement polémique sur ce qui adviendrait si l’impensable devenait réalité.

Un scénario irréaliste… mais révélateur

Imaginons malgré tout : Israël dit oui à la Palestine, et Jakarta accueille une ambassade israélienne. L’effet diplomatique serait immédiat et explosif. L’Indonésie, longtemps pilier du refus musulman, deviendrait soudain l’interface centrale entre Israël et le monde islamique. Une victoire historique sur le papier – mais peut-être une illusion cruelle dans les faits.

Triomphe diplomatique ou capitulation maquillée ?

Certains proclameraient une victoire : « Grâce à notre fermeté, Israël a enfin cédé ! » Mais la normalisation profiterait surtout à Tel-Aviv. L’État hébreu briserait son isolement en s’affichant dans la capitale du plus grand pays musulman du monde, sans renoncer à sa supériorité militaire ni à ses politiques de colonisation rampante.

Jakarta en ébullition

Dans les rues, le spectacle serait tout autre : protestations massives, slogans enflammés, accusations de trahison contre le gouvernement. Même conditionnée à la reconnaissance de la Palestine, l’ouverture d’une ambassade israélienne serait perçue comme un reniement. La fracture entre élites pragmatiques et masses populaires deviendrait abyssale.

L’appât économique

Pendant ce temps, les milieux économiques verraient une aubaine : cybersécurité, technologies agricoles, start-up, coopération militaire. Derrière le rideau des grands discours, beaucoup soupçonneraient une logique simple : sacrifier la pureté idéologique pour engranger des milliards. La Palestine servirait de monnaie d’échange symbolique.

Un séisme régional

Si, par miracle, ce scénario prenait corps, Riyad et Kuala Lumpur seraient contraints de revoir leurs positions. L’Arabie saoudite n’aurait plus d’excuses pour différer sa normalisation, et la Malaisie se retrouverait isolée dans son intransigeance. La cause palestinienne, elle, risquerait de passer du statut de drapeau mobilisateur à celui de dossier « réglé » – du moins dans les chancelleries.

Un mirage plus qu’un projet

En réalité, cet article n’imagine qu’un mirage diplomatique. Israël n’a aucune intention sérieuse de reconnaître la Palestine comme un État souverain, et Jakarta, si elle évoque parfois la solution à deux États, ne propose qu’une approche très vague, sans plan concret ni calendrier officiel. Mais spéculer sur cet impossible rapprochement permet de révéler les tensions profondes : entre principe et pragmatisme, entre fidélité à la cause palestinienne et tentation de l’intérêt économique.

Si jamais – par un hasard presque cosmique – une ambassade israélienne devait un jour ouvrir à Jakarta, ce serait à la fois un triomphe médiatique et une bombe politique. Une révolution diplomatique… ou une trahison nationale.

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