Prabowo à l’ONU : posture et enjeux
Ce mardi 23 septembre, Prabowo Subianto prononcera son discours à la 80e Assemblée générale des Nations unies à New-York. Troisième intervenant après le Brésil et les États-Unis, il s’insérera dans la tradition protocolaire de l’ONU. Cette position reflétera une reconnaissance croissante du rôle de l’Indonésie sur la scène internationale, mais elle soulèvera également des questions sur la cohérence entre rhétorique et action.
Entre affirmation régionale et solidarité internationale
Le symbole est fort : l’Indonésie, longtemps perçue comme acteur secondaire, cherche désormais à affirmer sa stature. Cependant, cette ambition coexiste avec des défis réels : le pays maintiendra une posture militaire affirmée en mer de Chine méridionale et dans l’archipel de Natuna, tout en se présentant comme un défenseur de la solidarité internationale. Cette dualité invite à rester vigilant quant à la portée réelle de son engagement diplomatique.
Dans son allocution, Prabowo réaffirmera son soutien à la cause palestinienne et plaidera pour une réforme des institutions internationales. Ces déclarations renforceront son image de leader soucieux de justice, tout en laissant en suspens la question de la mise en pratique de ces principes, notamment au regard des liens semi-secrètes avec Israël, que l’Indonésie nie formellement.
Visibilité internationale et liberté de manœuvre
Sa diplomatie, qualifiée de « pragmatisme constructif », cherchera à équilibrer relations avec grandes puissances et pays du Sud. Cette approche peut être perçue comme stratégique et prudente, mais elle laisse transparaître un certain opportunisme : privilégier la visibilité et le prestige tout en conservant la liberté de manœuvre pour les intérêts nationaux.
Géopolitiquement, le discours s’inscrira dans une volonté de positionner l’Indonésie comme acteur influent du Sud global, capable de dialogue et de médiation. La critique, toutefois, réside dans le décalage potentiel entre ce rôle moral affiché et la complexité des intérêts stratégiques que Jakarta doit défendre.
Prestige diplomatique, limites pratiques
En définitive, le discours que Prabowo s’apprête à prononcer constituera un exercice marquant de diplomatie spectaculaire : il projettera l’image d’une Indonésie ambitieuse, désireuse de jouer un rôle majeur sur la scène internationale. Mais l’enjeu véritable sera de vérifier si cette mise en scène s’accompagne de mesures concrètes. Les applaudissements de l’assemblée viendront saluer le verbe, mais la crédibilité, elle, dépendra de la cohérence avec les actes. Or, au même moment, à Genève, l’ONU continue de s’interroger sur l’avenir des droits humains en Indonésie.
Certes, l’intervention de Prabowo en faveur de la Palestine revêt une importance sur les plans symbolique et diplomatique, mais son impact direct sur la vie quotidienne des Palestiniens demeure relativement limité. Un changement réel ne pourrait advenir que par la mise en œuvre d’actions internationales plus concrètes, telles que des sanctions, des pressions économiques ou l’envoi de missions de maintien de la paix.