Indonésie : Eldorado des capitalistes européens ?
L’Indonésie, archipel de plus de 270 millions d’habitants, riche d’un sous-sol minéral quasi inépuisable, s’ouvre désormais aux séductions de Bruxelles.
L’illusion dorée
Renew Europe jubile : un accord de libre-échange, des droits de douane effacés, et voilà les entreprises européennes qui économiseront 600 millions d’euros par an. Champagne à Strasbourg, pendant que Jakarta applaudit, espérant sa part du gâteau.
Mais posons la question sans fard : cet accord est-il vraiment conçu pour l’Indonésie, ou n’est-il qu’une porte dorée vers les poches des capitalistes européens ?
L’eldorado… vu de Bruxelles
Pour l’Europe, les comptes sont vite faits :
- Moins de taxes, plus de marges.
- Accès direct aux minerais critiques — cobalt, cuivre, étain.
- Diversification géopolitique : moins de dépendance à la Chine, plus de leviers à Jakarta.
En somme, l’Indonésie se présente comme une mine à ciel ouvert, où l’UE peut puiser à bon prix, tout en parant le tout du vernis vertueux des “normes européennes”. On appelle cela la magie du commerce équitable version technocratique.
L’envers du décor
Mais à qui profite le “libre-échange” ? À ceux qui ont déjà les capitaux, la logistique, la technologie, les cabinets d’avocats et l’art de négocier les contrats léonins.
L’Indonésie, elle, risque de jouer le rôle du fournisseur discipliné :
- Fournir les matières premières, sans jamais vraiment grimper dans la chaîne de valeur.
- Accueillir les investissements étrangers, mais en laissant filer les bénéfices.
- Supporter les dégâts environnementaux — déforestation, pollution minière, destruction des écosystèmes — pendant que l’Europe s’autoproclame championne de la transition écologique grâce à ses batteries “propres”.
Les illusions du développement
Bien sûr, on nous expliquera que cet accord est une “opportunité de modernisation”. Mais l’histoire des relations Nord-Sud regorge de ce refrain : “ouvrez-vous, exportez vos ressources, et le progrès viendra.” Souvent, le progrès vient surtout pour les investisseurs étrangers.
L’Indonésie pourrait devenir le nouvel eldorado, oui… mais surtout pour les capitaux européens. Le peuple indonésien, lui, risque de se contenter des miettes : quelques emplois, des infrastructures financées à crédit, et un environnement durablement abîmé.
La dépendance maquillée en partenariat
Le plus ironique, c’est que l’accord est présenté comme un “partenariat équilibré”. Traduction : l’Europe garantit son accès aux minerais stratégiques, tandis que l’Indonésie s’engage à ouvrir davantage son marché.
C’est un peu comme inviter un voisin riche à dîner : il vient avec son vin, repart avec l’argenterie, et vous laisse la vaisselle à faire.
Le choix indonésien
Alors, eldorado ou mirage ? L’Indonésie n’est pas condamnée à rester un réservoir de matières premières. Mais cela suppose de jouer serré : imposer des règles, exiger la transformation locale, taxer les profits étrangers, protéger l’environnement, et surtout… ne pas croire trop naïvement aux promesses européennes.
Sinon, l’histoire se répétera : une élite nationale profitera des rentes, Bruxelles chantera victoire, et les villages miniers indonésiens paieront l’addition en eau polluée et en forêts rasées.
Conclusion cynique
L’Europe rêve d’un eldorado indonésien. Et, comme toujours, quand les investisseurs rêvent d’un eldorado, ce sont les autres qui creusent.
Source :
https://www.gavroche-thailande.com/indonesie-europe-le-groupe-liberal-renew-europe-felicite-jakarta-pour-laccord-de-libre-echange/