Soekarno et la Palestine : quand la justice précède la paix
— Soekarno.
Depuis des décennies, la communauté internationale parle de la fameuse « solution à deux États » pour le conflit israélo-palestinien, comme si la coexistence pacifique pouvait être imposée par un simple compromis territorial.
La fausse rationalité d’une paix imposée
Mais cette approche, qui semble rationnelle sur le papier, révèle en réalité une profonde incongruité morale et politique. Elle suppose qu’un peuple opprimé puisse négocier son propre destin avec son occupant, comme si l’on demandait à un voleur de répartir les maisons qu’il a volées. Dans ce cadre, la prétendue solution à deux États ne résout rien ; elle ne fait que figer le déséquilibre de pouvoir et masquer l’injustice historique.
La perspective de Soekarno, premier président de l’Indonésie indépendante et figure majeure du mouvement des Non-Alignés, éclaire parfaitement cette question. Tout au long de sa vie, Soekarno a défendu l’autodétermination et condamné les compromis imposés par les puissances dominantes. Pour lui, la paix durable ne peut naître que de la justice, et non d’arrangements superficiels dictés par l’occupant.
La souveraineté palestinienne : un droit, pas une négociation
Dans le contexte palestinien, cette vision signifie que toute tentative de créer un État palestinien conditionné par la reconnaissance israélienne ne peut être considérée comme une solution véritable. La souveraineté palestinienne ne peut être négociée ; elle doit être reconnue, restaurée et protégée comme un droit fondamental.
Soekarno considérait la justice comme le socle de la diplomatie et de la paix. Appliqué à la Palestine, cela implique que les droits historiques des Palestiniens, la restitution de leurs terres et la fin de l’occupation doivent précéder toute discussion sur des frontières ou des compromis territoriaux. Sans cela, la communauté internationale risque de légitimer une occupation inégalitaire, transformant la « négociation » en une mascarade où l’oppresseur conserve le contrôle et la victime reste dépendante. La logique de la solution à deux États, loin d’apaiser le conflit, consolide le déséquilibre et retarde la véritable résolution.
La paix durable passe par la justice
Mais la vision de Soekarno ne se limite pas à la critique ; elle propose également une perspective constructive. La paix, pour être durable, doit être enracinée dans l’égalité des peuples et la reconnaissance pleine de leur souveraineté. Cela signifie que l’État palestinien ne doit pas être un État « approuvé » par l’occupant, mais un État fondé sur la justice, soutenu par la solidarité internationale et libre de toute ingérence.
La diplomatie doit suivre la justice, et non la précéder. Tant que ce principe n’est pas respecté, toute tentative de négociation reste illusoire et reproduit les erreurs du colonialisme.
Au-delà du compromis : la vision de Soekarno pour la Palestine
Ainsi, la position de Soekarno éclaire de manière frappante l’échec structurel de la solution à deux États. Elle nous rappelle que la paix véritable ne peut être construite sur le compromis des droits fondamentaux, mais sur leur reconnaissance intégrale. Le conflit israélo-palestinien, s’il doit trouver une issue durable, exige une approche radicalement différente : celle qui place la justice et la souveraineté au cœur du processus, et non comme des concessions secondaires.
La vision soekarnoïenne reste aujourd’hui plus pertinente que jamais, car elle dépasse la diplomatie superficielle et met en lumière la seule voie qui puisse conduire à une paix réelle et équitable. Si Soekarno vivait aujourd’hui, il s’opposerait certainement à la solution à deux États, car cela ne serait pas synonyme de véritable indépendance pour la Palestine.
Source :
Le soutien indéfectible de Soekarno à la Palestine
https://voi.id/fr/m%C3%A9moire/52392