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Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 29 septembre 2025

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Le vice-président indonésien sommé… de repasser son bac

Quand un vice-président est sommé de “repasser son bac”, la politique vire à la farce. Un avocat zélé exige des milliers de milliards et refuse tout compromis. Derrière la comédie scolaire se cache une manœuvre politique où les diplômes deviennent armes et les salles de classe, champ de bataille.

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Le vice-président indonésien sommé… de repasser son bac

On pensait avoir tout vu dans la politique indonésienne : les coalitions improbables, les décisions de justice à géométrie variable, les fils de présidents promus comme par magie. Et puis, surgit un avocat nommé Subhan Palal avec une idée lumineuse : attaquer en justice le vice-président Gibran Rakabuming Raka pour une raison aussi banale qu’explosive — son bac.

Oui, vous avez bien lu : le bac. Ce petit bout de papier qu’on garde au fond d’un tiroir, taché de café ou jauni par le temps, devient soudainement la clé de voûte de la démocratie indonésienne.

125 000 milliards de roupies pour un bac douteux

Subhan Palal, chevalier de la justice autoproclamé, réclame à Gibran et à la commission électorale pas moins de 125 trillions de roupies en dédommagement. L’argument ? Gibran aurait étudié à l’étranger (Singapour, Australie), et son diplôme de fin d’études secondaires ne serait pas dûment “équivalent” au bac indonésien. Autrement dit : il est vice-président, mais sur le plan scolaire, il serait en… décrochage.

On pourrait croire à une blague. Mais non, tout est consigné dans un dossier en bonne et due forme au tribunal de Jakarta.

Pas de deal, retournez à l’école !

Comme si cela ne suffisait pas, l’avocat héroïque rejette toute tentative de conciliation. Pas de paix, pas d’arrangement : Gibran doit soit repasser par les bancs de l’école, soit se plier à un examen d’équivalence. Un vice-président renvoyé en terminale : l’image est délicieuse. On imagine déjà les ministres lui prêter des fiches de révision et Jokowi, son père — ancien président — lui préparer des casse-croûte pour le surveillant.

Derrière le comique, le calcul politique

Bien sûr, sous le vernis comique, on voit poindre la stratégie : semer le doute, éroder la légitimité, ridiculiser un adversaire. Ce procès n’est pas qu’une farce : c’est une arme politique. Après tout, si on peut délégitimer un vice-président à coups de bac contesté, pourquoi se fatiguer avec des débats d’idées ?

Le vrai problème

Mais au fond, cette histoire en dit plus long sur le système que sur Gibran. Si le bac est réellement la pierre angulaire de la République, alors combien de politiciens devraient eux aussi être rappelés à l’école ? Combien de diplômes douteux, achetés ou bricolés, dorment tranquillement dans les tiroirs des élites ?

En attendant le verdict, l’Indonésie se délecte de ce feuilleton : un procès où l’on demande à un vice-président de rendre sa copie. Littéralement.

Source :

https://m.tribunnews.com/nasional/7734906/penggugat-ijazah-sma-gibran-rakabuming-raka-tolak-damai-minta-wapres-sekolah-lagi

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