Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

415 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 septembre 2025

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Intoxication de masse en Indonésie : un scandale des droits humains ?

En Indonésie, le programme de repas gratuits censé améliorer la nutrition des élèves se transforme en crise sanitaire : des milliers d’enfants intoxiqués, des écoles perturbées et une confiance publique ébranlée. Négligence ou incompétence, la question s’impose : n’assiste-t-on pas à une violation flagrante des droits humains ?

Dipa Arif

Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Intoxication de masse en Indonésie : un scandale des droits humains ?

En Indonésie, un programme pensé pour nourrir les enfants et symboliser la solidarité sociale se transforme en cauchemar sanitaire : des milliers d’élèves hospitalisés, des classes vides parce que le déjeuner gratuit a rendu les enfants malades. Derrière l’image d’un État bienveillant distribuant des repas nutritifs, on découvre des cuisines mal contrôlées, des chaînes d’approvisionnement opaques, et une légèreté bureaucratique qui expose les plus vulnérables à des risques mortels.

On parle d’« accident », d’« incident malheureux », mais peut-on vraiment qualifier d’accident une intoxication de masse récurrente, affectant des milliers d’écoliers, dans un programme financé, planifié et géré par l’État ? Ici, la négligence prend une autre dimension : elle n’est plus seulement administrative, elle devient politique, presque criminelle. Car un droit violé ne se mesure pas uniquement au sang versé, mais aussi à la souffrance silencieuse d’enfants qui vomissent dans des couloirs d’école après avoir mangé ce que leur gouvernement leur a présenté comme un repas sûr.

La commission nationale des droits humains (Komnas HAM) ose enfin poser la question dans les termes justes : et si cette intoxication massive n’était pas seulement une faille technique, mais bien une atteinte aux droits humains ? Le droit à la santé, à la nourriture sûre, à l’éducation protégée — autant de principes consacrés par la Constitution indonésienne et par les traités internationaux que l’État s’est engagé à respecter. Quand l’État distribue des repas qui empoisonnent, il trahit sa propre promesse.

Le cynisme, c’est que tout cela s’inscrit dans une rhétorique de progrès social. Le repas gratuit devient le symbole d’une gouvernance qui cherche des applaudissements rapides, mais qui, faute de rigueur et de transparence, transforme une initiative populaire en bombe sanitaire. Les responsables politiques parlent d’« évaluation » et de « leçons à tirer » alors que les victimes continuent de se compter par milliers.

Finalement, la question n’est pas seulement « qui est responsable », mais « combien de fois encore faudra-t-il empoisonner des enfants avant que l’on reconnaisse qu’il s’agit bel et bien d’une violation des droits humains » ?

Source :

https://news.detik.com/berita/d-8136528/komnas-ham-usut-potensi-pelanggaran-ham-di-kasus-keracunan-mbg

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.