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Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.

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Billet de blog 31 août 2025

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1312 : le code qui en dit long — “Tous les flics sont connards”

Dans les rues, sur les murs et les réseaux sociaux, 1312 s’impose comme un cri de révolte. Code de l’expression « Tous les flics sont connards », il traverse un siècle et des continents, du punk britannique aux manifestations indonésiennes. Symbole urbain et contestataire, il incarne la défiance face à l’autorité et la répression.

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1312 : le code qui en dit long — “Tous les flics sont connards”

Dans les ruelles couvertes de graffitis, sur les banderoles de manifestations, et jusque dans les hashtags viraux, une série de chiffres intrigue : 1312. Quatre chiffres à l’allure anodine, mais qui portent un message lourd, corrosif, explosif : « Tous les flics sont connards ».

Une histoire née dans les marges

Le code ne date pas d’hier. Il plonge ses racines dans la Grande-Bretagne du début du XXᵉ siècle. Dans les quartiers ouvriers, la méfiance envers les forces de l’ordre se transforme en cri rageur : ACAB — All Cops Are Bastards. Pour contourner la censure, on chiffre les lettres : A = 1, C = 3, A = 1, B = 2. Ainsi naît 1312.

La légende raconte que dans les années 1940, des prisonniers anglais arboraient déjà le sigle tatoué sur leurs doigts. L’État réprime, mais le code s’incruste, indélébile.

Punk, stades et rues

Dans les années 1970-1980, le slogan trouve une seconde jeunesse. Les punks, les skinheads, puis les supporters ultras de football l’arrachent à l’ombre et l’exposent en pleine lumière. Sur les vestes en cuir, sur les murs des stades, 1312 devient la signature d’une défiance viscérale.

Interdit dans certains pays, pourchassé par la police, le code survit justement grâce à sa forme chiffrée. Il circule, se transmet, voyage.

Le retour en force aux États-Unis

Au XXIᵉ siècle, c’est à New York que le cri ressurgit. En 2011, pendant Occupy Wall Street, puis en 2020 avec Black Lives Matter, le mot d’ordre explose. Dans les manifestations, sur les pancartes, dans les trending topics, 1312 devient un symbole global contre les violences policières et le racisme institutionnalisé.

Ce qui n’était qu’un code underground devient un mot universel de colère.

Et en Indonésie ?

Aujourd’hui, le chiffre s’affiche aussi sur les murs de Jakarta, Bandung ou Yogyakarta. Les jeunes le brandissent dans les concerts punk, sur les graffitis et dans les tribunes de foot. Pour certains, c’est un marqueur de culture urbaine, une esthétique de rue. Pour d’autres, c’est une arme symbolique, une critique frontale d’un pouvoir jugé oppressif.

Les autorités, elles, voient dans ce code une provocation. Mais chaque interdiction ne fait que renforcer son aura de résistance.

Plus qu’un simple chiffre

1312 n’est pas qu’une suite de nombres. C’est un cri condensé, une mémoire de luttes, un mot de passe de la contestation mondiale. Il traverse les époques, les continents, les langues, et garde la même charge : rappeler que, pour beaucoup, l’uniforme n’incarne pas la protection, mais la répression.

Et c’est peut-être là sa force : quatre chiffres capables de résumer une histoire longue d’un siècle, et de rallumer, à chaque génération, la braise d’une colère indomptée.

Source:

https://www.harianbanten.co.id/arti-1312-simbol-perlawanan-yang-jadi-tren-anak-muda/

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