Échos de 1789 en Indonésie : la révolte gronde contre les privilèges
Jakarta, 31 août 2025 – Le président indonésien Prabowo Subianto a annulé son déplacement prévu en Chine, préférant rester à Jakarta alors que des manifestations d’une ampleur inédite secouent le pays. La contestation, née de l’indignation populaire face aux indemnités exorbitantes accordées aux parlementaires, a pris un tournant tragique après la mort d’un conducteur de moto-taxi renversé par un véhicule blindé de la police.
Des manoirs incendiés aux châteaux de 1789 : l’écho d’une révolte contre les privilèges
Depuis, la colère s’est propagée : incendies de bâtiments publics, affrontements avec les forces de l’ordre, pillages des résidences luxueuses de plusieurs ministres et parlementaires. Ces scènes de manoirs mis à sac rappellent étrangement une autre nuit d’août, en 1789, lorsque les paysans français avaient pris d’assaut les châteaux, ouvrant la voie à l’abolition des privilèges. Comme si l’Histoire se répétait, sous d’autres latitudes, avec la même colère contre l’arrogance des élites.
Un pouvoir crispé sur la force
La réaction du gouvernement, faite de menaces, d’accusations d’anarchisme et de déploiement policier et militaire, semble nourrir plus qu’elle n’éteint la contestation. Au lieu d’un geste d’ouverture, c’est la logique de la répression qui domine. Or, la société indonésienne n’exige pas seulement des excuses ou des promesses vagues : elle réclame une reconnaissance réelle de ses souffrances et une réponse politique crédible.
L’ironie d’un contraste
À Paris, il y a un mois, Prabowo était l’invité d’honneur du 14 Juillet. Il y assistait déjà auréolé de la Légion d’honneur, distinction qui lui avait été remise quelques mois plus tôt par Emmanuel Macron lors de sa visite en Indonésie.
L’image d’un chef d’État célébré comme un symbole de stabilité contraste aujourd’hui avec celle d’un dirigeant assiégé par la colère de ses concitoyens. Cette ironie n’échappe pas à l’opinion publique : l’Indonésie ne réclame pas de décorations venues de l’étranger, mais une véritable écoute de la voix de son peuple.
Une alternative ignorée
Dans une démocratie fragile, le véritable courage politique ne réside pas seulement dans la gestion des crises, mais dans la capacité à inclure toutes les voix. Il serait nécessaire d’organiser des États généraux réunissant la société civile, les syndicats, les étudiants, les communautés autochtones et même les représentants des provinces considérées comme séparatistes. Jusqu'à présent, seules les organisations, notamment islamiques et pro-gouvernement, ont été consultées.
En criminalisant les manifestants et en privilégiant la répression, on risque au contraire de radicaliser le mouvement et de transformer une révolte sociale en crise nationale.
Conclusion
En ce tournant d’histoire, Prabowo se trouve face à un choix : s’enfermer dans une logique sécuritaire qui risque d’embraser le pays, ou ouvrir un espace de dialogue qui pourrait au contraire refonder la confiance. L’Indonésie n’attend pas un chef d’État décoré à l’étranger, mais un président solidaire de sa propre nation.
À l’instar de Louis XVI, qui fut salué comme le soutien de l’indépendance américaine mais demeura impuissant face à la révolte de son propre peuple, Prabowo pourrait être perçu comme le défenseur acharné de la cause palestinienne tout en restant indifférent aux souffrances des Indonésiens.