Festival Les rencontres à l'échelle 8 au 18 juin 2022 MARSEILLE :
Alexandre, chorégraphe et danseur
MERCREDI 15 JUIN 2022 MUCEM Marseille :
Avec Samah Boulmona (chant et accordéon), Bahaa Daou (rek), Ali Hout (percussion), Majdi Zeneddin (tabla), Sam Dabboul (kanoun) et Ousama Khatib (contrebasse),Costumes : Krikor Jabotian Production : Charleroi Danse Avec le soutien de l'Onda - Office national de diffusion artistique, durée 2 h en deux parties avec entracte.
Première française

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Le chorégraphe libanais Alexandre Paulikevitch, s’est emparé de la danse orientale Baladi (citadine) en opposition à la danse Chaabi (rurale) à Paris en 2000 au Centre de Danse du Marais. Ce choc lui fait prendre un virage à 180 degrés : « mon corps a compris que je devais être là ».
Dès lors, il n'aura de cesse de travailler cette danse mal nommée danse du ventre de manière dégradante par des militaires en goguette dans des cabarets pendant la période coloniale.
En effet, la danse orientale est bien plus que cela ; elle est le fruit de Badia Masabani (1892-1974) qui lui donnera ses lettres de noblesse en créant le premier cabaret à Alexandrie en 1926 et en formant celles qui deviendront de véritables ambassadrices telle que Samia Gamal ou Tahia Carioca.
Pour Alexandre, l'enjeu est plus fort encore : celle d’un homme, homosexuel, arabe qui va hisser l’art de la danse Baladi au rang de revendication politique, défait de sa spécificité féminine, s’inscrivant dans une nouvelle démarche du cabaret contemporain, inspiré de la grande tradition du Caire et de Berlin.
Lors de l‘explosion du 4 août 2020 à Beyrouth, Alexandre perd tout, des membres de sa famille, son appartement, son outil de travail et de répétitions… Il décide alors d’un grand changement. Il élimine costumes et musique pour ne garder que le langage du corps devenu danse pure, sans artifice et témoignage de sa pugnacité. Il donnera 7 représentations en décembre 2020 dans la crypte de l'église Saint-Joseph des Pères Jésuites de Beyrouth. Une véritable gageure.
En d'autres termes, comme on peut le constater l‘art d’Alexandre est bien plus qu‘une représentation chorégraphique : c’est un manifeste en faveur du corps quel qu’il soit au service d’un art modernisé qui traverse le temps et les générations. De plus en l‘écoutant s’exprimer, il a développé une véritable pensée sur sa démarche artistique qu‘il relie à une réflexion plus générale et plus puissance sur le genre, la politique de l‘engagement aujourd’hui après tous les bouleversements survenus dans les pays arabes.
Sa venue en France est une grande première pour son nouveau cabaret à Marseille, après 2021, qui en appelle d‘autres, c’est ce que l‘on peut souhaiter pour ce grand artiste.
Alexandre vivifie la danse orientale à son plus haut et plus beau niveau : en le regardant, on ne voit que la danse, ses tourbillons, circonvolutions, sa poésie et sa modernité et son enchantement.
Ses précédentes créations : Tajwal(2012), Baladi ya wed(2015) etElgha (2018).