Prolongée jusqu‘au 5 mars 2023, l‘exposition « L‘encre en mouvement, une histoire de la peinture chinoise au XX ème siècle » fait suite à la précédente exposition « Peindre hors du monde » est une double invitation dans l‘univers d’artistes chinois et dans l‘établissement de la ville de Paris, le Musée Cernushi. C’est l‘un des plus anciens musée, initialement hôtel particulier parisien, il a été créé par le donateur Henri Cernushi qu‘il a dédié aux arts de l’Asie et ouvert en 1898.
Cette collection en 7 parties historiques présente pour la première fois les chefs-d’oeuvre de 70 peintures réalisées par 34 artistes.Elle a été réalisée par les commissaires, Eric Lefèbvre, directeur du Musée Cernushi et Mael Bellec Conservateur en chef du Musée Cernushi. Un grand merci à Laura Bailly, attachée de presse du Musée Cernushi.
Une belle scénographie à variations de bleus, fait entrer le visiteur dans un univers presque onirique ; il faut regarder partout, voir où l‘on met les pieds avec une archive vidéo de « démonstration virtuoses de maîtres » au sol qui nous transforme en drone humain ou en oiseau aux longues ailes, des pans de papier et d’encre aux murs ou allongés dans une longue vitrine, ne supportant pas la lumière en permanence, nous indique que nous sommes en présence de visuels précieux sur tous les plans.
(C) Musée Cernushi, Fu Baoshi (1904-1965) Rêveur, années 1940.Encre et couleurs sur papier.
La peinture chinoise a connu au XX ème siècle des mutations liées à des guerres, des changements profonds internes, comme toute civilisation connue, l’exposition en en est le témoin, et le passeur.C’est pourquoi à travers les salles, le visiteur traverse les toiles comme il traverse l’Histoire par un dialogue artistique avec les cultures plus lointaines.Et l‘on voit concrètement l‘évolution voire la révolution de cet art millénaire de l’encre, ses représentations de la nature, d’animaux symboliques, de la présence de l‘eau, des idéogrammes sur le papier de riz, tout un monde en lien direct avec le Boudhisme, cet art qui a fasciné les impressionnistes.Au fil des générations, cet art change, se transforme s‘oriente vers le figuratif, le message politique tel que l‘a voulu le président Mao pour mener ses révolutions afin d'entrer dans le concert des Nations.
Alors le visiteur sera peut-être étonné de constater que le Nu féminin apparait sur les tableaux.On a un peu de mal à faire la transition après de si belles scènes précédentes, empreintes de poésie, de musicalité, de légèreté et de gravité à la fois, de mouvements lents telle une danse de théâtre chinois traditionnel.
Des tableaux retiennent l’attention, ceux de l’artiste Qi Bashi (1863-1957) avec des oiseaux et des poissons, cette dernière oeuvre de 1947, Encre et couleurs sur papier : nian et guin, il utilise deux termes pour « poisson chat » et « ombre chevalier » qui sont phonétiquement semblables aux noms des deux poissons.Ce qui revient à dire que la musicalité des idéogrammes de la langue chinoise intervient dans l‘art de l’encre.
L’exposition et le lieu constituent une très belle immersion artistique de Chine en plein Paris, en pleine après-midi dans le parc Monceau verdoyant. Sans aucun doute à revoir.