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Djalila Dechache

Auteure, chercheure sur l 'Emir Abdelkader l 'Algérien, Kateb Yacine et le théâtre arabe.

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Billet de blog 26 janvier 2022

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Deborah Levy, Etat des lieux, Éditions du sous-sol.

C’est un enchantement, un voyage qui s’arrête à Londres et New-York, Paris,Mumbai et la Grèce. Un voyage unique, qui ne ressemble à aucun autre, un voyage littéraire, onirique, projectif, visuel plein de charme et de rencontres.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Deborah Levy, Etat des lieux, Éditions du sous-sol, titre original «Real Estate», traduit de l’anglais par Céline Leroy, 240 pages, 2021.Lauréate du Prix Femina Etranger 2020.

C’est un enchantement, un voyage qui s’arrête à Londres et New-York, Paris,Mumbai et la Grèce. Un voyage unique, qui ne ressemble à aucun autre, un voyage littéraire, onirique, projectif, visuel plein de charme et de rencontres. Jamais auparavant je n‘avais vu le quartier des Abbesses comme l‘a vu et aimé Deborah Levy. De même qu’aucune autre auteure n n‘avait décrit, écrit des paysages, des personnes et des situations comme elle.

© couverture Vivre sa vie, film de Jean-Luc Godard

Lorsqu‘elle achète un bouquet de roses à un vendeur à la sauvette près du métro, elle estime que celui-ci «  lui a vendu un morceau de son monde » parce qu‘elle imagine par quoi il est passé cet homme pour vendre des fleurs aux tiges inégales enveloppées dans un plan de métro avec quelques pétales détachées et collées dessus, plan qu‘elle conservera et utilisera pour se déplacer et surtout en faire comme un tableau. Je relate ce fait parce qu‘il dénote l’état d’esprit dans lequel se trouve l‘auteure, la narratrice, éduque le regard et l‘instant, travaille sans cesse avec ce qui se produit autour d’elle avec une disponibilité remarquable qui force l‘humilité et l’envie de vivre de tels moments. Ce plan aura une vie lui aussi. C’est l‘une des grandes forces de Deborah Levy : rendre le quotidien le plus banal en une remarquable traversée, passionnante et en capacité de transformer le regard.

Deborah Levy a une aptitude à rassembler ses morceaux de mère, d’auteure, d‘amoureuse, de copine et d’amie, d’intervenante à des colloques, de rêveuse pour une maison bien à elle….Il est là son Etat des lieux !

 Ce livre est un bonheur fou que l‘on ne quitte plus, même dans le métro et c’est curieux comme une multitude de choses, d’idées, de visions surgissent alors, créant une émulation, une effervescence intérieure des plus incroyables. Je me dis alors que ce n‘est pas seulement parce que Deborah Levy a la chance de trouver des lieux superbes mais c’est en plus parce que son être, son regard les rendent superbement magnifiques.

Le lecteur, la lectrice prend la mesure de la grande qualité de cette auteure en y découvrant de nombreuses références cinématographiques, littéraires, et picturales. 

Deborah Levy d’ailleurs cite les sources dont sont issues les citations provenant de livres, tous traduits en français : quelle attention magnifique et si rare !

S’il fallait en citer une, la sienne  :

« Dans son dernier râle pour écraser l‘imagination et les capacités de ces femmes, il (le patriarcat) les accuse d’être responsables de son impuissance. Après tout, si elles peuvent créer une autre sorte de foyer, elles peuvent créer un autre ordre mondial. »

Céline Leroy,l‘excellente traductrice remercie quant à elle Céline Curiol «  reine des titres » (Quelle belle distinction !) et moi, je remercie toutes ces femmes qui accompagnent, donnent des cailloux à ramasser sur le chemin.

 L’auteure a dit :« Je me sens transformée depuis l’écriture d’Etat des lieux” »(titre de l‘article de Zineb Dryef, Le Monde 17 octobre 2021).

C’est que la lectrice que je suis l‘est aussi chère Deborah Lévy, aurait-on envie de lui faire savoir  !

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