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Djalila Dechache

Auteure, chercheure sur l 'Emir Abdelkader l 'Algérien, Kateb Yacine et le théâtre arabe.

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Billet de blog 27 février 2022

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Ferdaous, une voix en enfer,Nawal El-Saadawi

Nawal El-Saadawi est une grande dame du féminisme qui s’est battue tout au long de sa vie, à commencer lors de sa carrière de médecin psychiatre et d‘écrivain  où elle a pu écrire un certain nombre d’ouvrages. Sa prise de conscience commence dès l‘âge de 6 ans, elle est excisée.

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Ferdaous, une voix en enfer,Nawal El-Saadawi Editions des femmes, Antoinette Fouque, 2022, 176 p.

©Prix de l ‘amitié franco-arabe 1982

Nawal El-Saadawi est une grande dame du féminisme qui s’est battue tout au long de sa vie, à commencer lors de sa carrière de médecin psychiatre et d‘écrivain  où elle a pu écrire un certain nombre d’ouvrages. Sa prise de conscience commence dès l‘âge de 6 ans, elle est excisée, puis elle milite contre le mariage forcé auquel elle échappé à l‘âge de10 ans. Plus tard, elle sera emprisonnée, démise de ses fonctions de médecin, menacée de mort, elle est alors contrainte à l‘exil et devient consultante pour l‘ONU, mission qu‘elle assurera avec toute son énergie.

Ce livre raconte tout d’abord sa volonté de rencontrer une femme condamnée à mort pour avoir tué un homme. Ferdaous c’est son nom qui signifie Paradis en arabe, refuse nettement toute rencontre. Nawal qui visitait à cette époque des prisonnières, veut comprendre Ferdaous. Après plusieurs tentatives auprès de la surveillante de la prison,  au moment où Nawal abandonne, Ferdaous accepte à « la condition de ne pas l‘interrompre parce que le jour même à six heures de l‘après-midi on viendra la chercher, demain elle ne sera plus là ».

C’est presque impossible d’écrire sur ce livre, le récit si précis de cette femme analphabète qui va mourir pendue, meurtrie par des hommes qui ont abusé d‘elle et le mot est faible, on est au bord de l‘insupportable, pourtant il y a son regard, elle est qui a analysé sa vie, qui va vers la mort, consentante, calme, refusant de signer son recours en grâce.Le récit par le menu détail est édifiant, unique, incroyable. C’est beaucoup plus qu‘un récit, c’est une page d’histoire sociologique, anthropologique, judiciaire et psychiatrique d’une société qui sous des aspects souriants, détruit la femme qu‘elle soit réellement condamnée ou pas.

Nawal El-Saadawi elle aussi quitte la prison effondrée, lorsque des policiers vienne chercher la condamnée à mort.

 « J’ai démarré en trombe, comme si j‘allais écraser ce monde. Puis j‘ai arrêté subitement la voiture, avant qu‘elle ne dérapât. J’ai pris conscience que Ferdaous était plus courageuse que moi ».

Le lecteur, la lectrice pousse alors un grand soupir d’indignation.

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