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Djalila Dechache

Auteure, chercheure sur l 'Emir Abdelkader l 'Algérien, Kateb Yacine et le théâtre arabe.

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Billet de blog 27 septembre 2023

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Azzedine Alaïa Exposition Couturier collectionneur Palais Galliera Paris

Azzedine Alaïa Exposition Couturier collectionneur, Commissaire de l‘exposition Olivier Saillard Directeur de la Fondation Azzedine Alaïa, Palais Galliera 10 avenue Pierre 1er de Serbie Paris 16è Métro Iéna Tél : 01 56 52 86 00, site palaisgalliera.paris.fr  27 septembre 2023 / 21 janvier 2024.

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Azzedine Alaïa Exposition Couturier collectionneur, Commissaire de l‘exposition Olivier Saillard Directeur de la Fondation Azzedine Alaïa, Palais Galliera 10 avenue Pierre 1er de Serbie Paris 16è Métro Iéna Tél : 01 56 52 86 00, site palaisgalliera.paris.fr  27 septembre 2023 / 21 janvier 2024.       

Pour la première fois, en ouverture de saison, le Palais Galliera programme une exposition organisée en collaboration avec la Fondation Azzedine Alaïa, (1935-2017) dédiée à Azzedine Alaïa Couturier Collectionneur, tout comme c’est la première fois que je me rends dans ce lieu mystérieux, poussée par l‘intérêt que je voue à l‘artiste inoubliable.

(c)PalaisGalliera 

Un lieu magique

Avant toute chose , je remarque que le lieu est imposant, beau, dépaysant, fastueux. Le Palais Galliera a été réalisé par l‘architecte Paul-René-Léon Ginain à la demande de Marie Brignole-Sale. Il est implanté au coeur d’un jardin, avec un restaurant à l‘extérieur et une librairie-boutique  à l’intérieur.

« En 1878, la duchesse de Galliera manifeste son intention de laisser à l’Etat français sa collection d’œuvres d’art à la condition que cette dernière soit exposée au public dans un musée spécialement construit à cet effet. Musée qu’elle se propose de financer sur un vaste terrain lui appartenant. Ses exigences sont claires : l’ensemble se composera d’un musée entouré d’un square et, de chaque côté, sera percée une voie créant ainsi deux rues baptisées Brignole et de Galliera. Le musée, prendra, quant à lui le nom de Brignole-Galliera ».Aujourd’hui, ce lieu magique est devenu le Musée de la mode Galliera.

Une exposition fabuleuse 

Dès l ‘entrée de l ‘exposition, on ressent quelque chose de très fort au fond de la gorge : un grand calme tout d ‘abord, puis on voit des mannequins sans tête qui attendent que l‘on vienne les admirer et il y a de quoi ! C’est splendide ! Magistral ! Majestueux ! Bien sûr , on sait ce que les créations d’Azzedine Alaïa ont apporté à la mode, à la femme, quelque chose de nouveau, un nouvel air, une nouvelle silhouette drapée, aux mouvements pleins de sensualité, étoffes rares, coups et coutures inattendues, plissés incroyables pour des femmes tout aussi inoubliables…

De salle en salle au sol carrelé de sublimes motifs méditerranéens, on entre dans un univers fantasque, fantasmatique à la scénographie dramatique signée de Joris Lipsch, théâtralisée dès l‘ensemble de robes noires, on se sent dans le dressing fou et impeccable d’une Greta Garbo dans La reine Christine (1932) ou d’une Bette Davis dans La Star (1950) ou All About Eve (1952) pour ne citer que ces films de l ‘âge d’or hollywoodien…c’est que l‘on savait s’habillait à cette époque, la femme était magnifiée, sublimée, chaque femme, de la star à la secrétaire portait un vêtement qui lui seyait parce que respectueux du corps, allant à l‘essentiel mais avec des détails par ci, des pinces par là terriblement féminin.En un sens, c’est ce qu’a voulu Azzedine Alaïa dans sa démarche de créateur franco-tunisien devenu international : sculpter le corps des femmes avec des matières, des coupes et des formes de nature à rendre toute femme différente et tellement elle-même.

Azzedine Alaïa a eu l ‘excellente idée-hommage de commencer une collection dès 1968.Il s’est attaché à acquérir les réalisations de ses prédécesseurs et en quelque sorte celles des anciens et des modernes proches de sa génération qui l‘ont éblouis par leur talent et leur créativité .

Un créateur hors normes

(C)Azzedine Alaïa à 15 ans, Tunis, Fondation Azzedine Alaïa

Après des années d’apprentissage à l ‘Institut Supérieur des Beaux Arts de Tunis section Sculpture, puis à Paris, il ira de maison en maison apprendre le métier et dès années 70 son talent éclate, il travaille auprès des plus grands créateurs parisiens.Des rencontres décisives dont celle de Thierry Mugler vont lui tracer une voie royale et lui ouvrir les portés très sélectives de la Haute-couture française .On comprend alors au cours de cette exposition remarquable ce que signifie la French Touch, le luxe à la française qui subjugue tant les femmes du monde entier ou du moins certaines d ‘entre elles.

Cependant c’est aux Etats-Unis qu’Azzedine Alaïa se fera connaitre et comme on le sait ce continent aime à dénicher et faire confiance à de nouveaux talents quel que soit le domaine.

Ce qui est étonnant est qu‘ Azzedine Alaïa a conçu des  robes sculpturales inoubliables de façon privée, sans promotion particulière, c’est cela qui .a forgé son style et sa renommée.

D’ailleurs, il ne participait pas à la grande messe des Fashion Week, il aimer travailler à son rythme, privilégiant l’intime à la super-production d’un soir.Lorsque son nom est évoqué ce sont ses créations intemporelles qui surgissent et…qui restent, qui défient le temps.Il vivait sa vie et son métier entouré de ceux qu ‘ils aimaient, recevait le Gotha parisien à qui il offrait des dîners aux larges tablées, au menu soigneusement choisi, une autre manière de donner de l‘amour aux siens.

Eternellement vêtu de son ensemble noir chinois, son petit chien dans les bras et de son sourire étincelant, Azzedine Alaïa manque beaucoup à ses amis et aux autres également.Il écoutait inlassablement les mélopées d’Om Kalsoum en souvenir de sa Tunisie Natale où il est inhumé.

Un enchantement total

« Depuis de nombreuses années, j‘achète et je reçois les robes, les manteaux, les vestes qui témoignent des la grande histoire de la mode.C’est devenu chez moi une attitude corporative de les préserver, une marque de solidarité à l‘égard de celles et ceux qui avant moi, ont eu le plaisir et l‘exigence du ciseau.C’est un hommage de ma part à tous les métiers et à toutes les idées que ces vêtements manifestent ».A.A

Azzedine Alaïa a réuni plus de 20.000 pièces depuis le XIXème siècle, date de la création de la Haute-Couture. 

L’exposition réunit 140 pièces parmi les plus exceptionnelles, jamais montrées de son vivant en France comme à l ‘international.

Ce patrimoine inestimable permet de constater comment les plus grands créateurs en France se sont adonnés à leur art, apportant une vision de la femme en la poétisant saison après saison.

Citons : Worth, Jeanne Lanvin, Jean Patou, Cristobal Balenciaga, Madame Grès, Paul Poiret, Jacques Fath, Lucien Lelong, Chanel, Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli, Cristian Dior… mais aussi Vivienne Westwood, Thierry Mugler, Jean-Paul Gauthier, Kenzo, Comme des garçons ...

Toutes les oeuvres ont fait l‘objet d’un prêt de la Fondation Azzedine Alaïa; dans le cadre d’une collaboration avec le Palais Galliera.

Une exposition à voir sans aucun doute plusieurs fois.

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