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Billet de blog 12 août 2023

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À celles et ceux considérant être à l’abri des violences policières

Dans les colonnes de Médiapart, journalistes, lecteur.rice.s, ont témoigné de l’indifférence, voire de l’approbation, d’une partie de la population vis-à-vis des violences policières. Celles-ci ont pourtant provoqué la mort de deux jeunes adultes et fait de nombreux blessés graves. Dans mon entourage, nous faisons, stupéfait.e.s et sidéré.e.s, le même constat, plusieurs semaines après ces drames.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans les colonnes de Médiapart ainsi que dans celles d’autres journaux, journalistes, lecteur.rice.s, ont témoigné de l’indifférence, voire de l’approbation, d’une partie de la population vis-à-vis des violences policières. Celles-ci ont pourtant provoqué, en juin dernier, la mort d’un adolescent de 17 ans, Nahel Merzouk et, début juillet, celle de Mohamed Bendriss, jeune père de famille, et fait de nombreux blessés graves.

Dans mon entourage et celui de mes proches, nous faisons, stupéfait.e.s et sidéré.e.s, le même constat, encore plusieurs semaines après ces deux drames.

Parmi les personnes justifiant les violences policières, certaines sont guidées par leur racisme lié aux origines des victimes (racisme que l’on retrouve au sein des corps de police impliqués). Quant aux autres que l’on ne pourrait assimiler à des racistes, leur indifférence ou bien une certaine compréhension de l’action des « forces de l’ordre », se justifie par leur sentiment de ne pas être directement concerné.e.s. N’appartenant pas aux groupes principalement victimes des exactions policières : jeunes des banlieues, racisé.e.s, et, manifestant.e.s et militant.e.s identifié.e.s d’extrême gauche…, ces personnes portent un regard distant et perplexe sur les causes de ces évènements tragiques. Elles restent convaincues qu’elles ne peuvent et ne pourraient être la cible de cette violence d’État.   

A celles et ceux considérant être à l’abri de cette dérive sécuritaire, je voudrais emprunter et adapter le célèbre poème de Martin Niemöller afin de rappeler que nous pouvons, vous, moi, nos enfants, nos parents, frères et sœurs et ami.e.s, demain être les victimes de cette brutalité mortifère.

Lorsque que la police a tiré sur Souheil

Je n’ai rien dit

Je n’étais pas un jeune d’origine maghrébine des quartiers de Marseille.

Lorsqu’elle a criblé de balles Fadjigui et Boubakar

Je n’ai rien dit
Je n’étais pas dans une voiture accompagné de deux jeunes concitoyens noirs.

Lorsqu’elle a ôté la vie à Rayana d’une balle dans la tête

Je n’ai rien dit

Je n’étais pas la jeune passagère innocente d’un véhicule.

Lorsqu’elle a abattu Alhousein

Je n’ai rien dit

Je n’étais pas un jeune guinéen sur le chemin de son travail.

Lorsqu’elle a tué Nahel d’un tir à bout portant

Je n’ai rien dit
Je n’étais pas un jeune d’origine maghrébine de la banlieue parisienne
.

Lorsqu’elle a provoqué la mort de Mohamed par un tir de LBD

Je n’ai rien dit
Je n’étais pas dans la rue lors des émeutes du mois de juillet 2023.

Puis c’est sur moi qu’ils ont pointé leur arme et tiré
Mais personne n’était là pour protester.

Depuis la mort d’Adama Traoré en 2016, symbole des violences policières, le nombre des victimes n’a cessé d’augmenter lors de contrôles de police. Mobilisons-nous lors des manifestions et de toutes autres initiatives pour dénoncer et lutter contre cette violence policière, autoritaire, raciste, devenue systémique.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.