Combien sommes-nous à ne plus pouvoir suivre les informations sur Gaza et la Cisjordanie ? Chaque jour, à la radio, à la télévision, dans les journaux… Lorsqu’un.e journaliste annonce un nouvel épisode de la tragédie palestinienne, on se crispe, on angoisse. Nous comprenons dès les premiers mots, qu’une fois encore les populations de Gaza et de Cisjordanie sont martyrisées, assassinées. Dans l’indifférence. La colère, tout d’abord, et un désespoir profond, ensuite, nous envahissent.
Avec nos proches et ami.es partageant notre indignation sur le sort infligé aux palestinien.nes, les échanges se font plus rares. Pour ne pas raviver la douleur de notre impuissance. De notre honte. Ce sentiment nous hante face aux images et aux témoignages nous parvenant de l’enclave palestinienne. Nous les regardons mourir. En direct. Tétanisés. Prendre part aux manifestations et aux rassemblements pour un énième appel à un cessez-le-feu devient de plus en plus difficile et désespérant, tant ces initiatives n’ont à ce jour jamais réussi à peser sur le cours de ce que certains osent encore appeler une « guerre ».
S’ajoutent à notre désarroi, les déclarations des soutiens inconditionnels au gouvernement d’extrême droite de l’état Hébreu, se faisant ainsi les complices de ce génocide. Récusant obstinément ce terme, jusqu’au déni des faits, le Hamas reste à leurs yeux le seul responsable de chaque nouvelle atrocité pourtant perpétrée par l’armée israélienne. Mais il y a pire complicité. Celle de notre gouvernement soutenu par la majorité de la classe politique de droite et d’extrême droite. Le silence est la règle. Mais interpellés par l’opposition parlementaire de gauche, ses représentants affichent une compassion de façade, accompagnée de déclarations faussement indignées par le sort des gazaouis. Toujours avec des mots choisis, précautionneux, prenant garde à ne jamais franchir la ligne invisible interdisant de nommer et condamner les responsables de ces massacres d’enfants, de femmes et d’hommes innocents. Et en définitive, pour ne rien dire et surtout ne rien faire. Le néant, la honte, le désespoir.
Que pouvons-nous faire pour que la France agisse afin de faire cesser cette barbarie ? Pour ne pas sombrer nous aussi dans l’indifférence, nous devons agir pour le peuple palestinien, dont la tragédie atteint aujourd’hui un seuil menaçant leur existence même.
A l’initiative du député Aymeric Caron et de plusieurs député.es insoumis, des portraits d’enfants palestiniens morts à Gaza ont été brandis dans l’enceinte de l’Assemblée nationale et leurs noms prononcés à haute voix. Cette action, que l’on peut qualifier d’humanitaire, s’est déroulée le 8 avril 2025, motivée par l'hécatombe qui a coûté la vie a près de vingt mille enfants depuis le début du siège du territoire palestinien. Cette action a été condamnée et les auteur.es sanctionné.es pour avoir enfreint le règlement de l’Assemblée. Le malaise était néanmoins palpable sur le visage des député.es présent.es dans l’hémicycle.
La souffrance infligée aux enfants palestiniens reste peut-être l’unique argument pour faire prendre conscience à nos responsables politiques de ce qui se joue à Gaza. Ou, du moins, pour les mettre face à leur lâcheté et de fait, leur complicité au crime le plus insoutenable.
L’initiative d’Aymeric Caron a montré la voie. Il faut dévoiler le visage de tous ces enfants, prononcer leurs noms, donner leurs âges et révéler les conditions dans lesquelles ils ont perdu la vie. Nous devons leur restituer le statut d’êtres humains dont ils ont été dépossédés ; (ré)humaniser ces enfants pour que leur mort ne soit pas qu’un nombre macabre qui chaque jour n’en finit plus de grossir. Par des initiatives collectives, des manifestations, des rassemblements, des actions auprès de nos responsables politiques nationaux et locaux, le sort tragique de ces enfants martyrs doit être dénoncé afin de contraindre celles et ceux étant en mesure d’agir à le faire.
Demain, chacun.e dans notre commune, interpellons les responsables municipaux et nos élu.es, afin qu’ils et elles dénoncent publiquement le silence et l’inaction de l’État français face à l’innocence assassinée des enfants palestiniens.