Lors d'une soirée avec des amis artistes, ils mentionnaient leurs différentes résidences durant l'année et les bénéfices de ces expériences. Je me suis dit: pourquoi ne pas essayer une résidence d'écrivains, une fois dans ma vie?
Un souvenir des écrivains en séjour à la Fondation Michalski, en Suisse, - "posée en pleine nature, au pied du Jura", me revint en mémoire et raconté par des villageois qui tout sourire parlaient des Mexicains invités dans cette résidence avec vue sur le Lac Léman, véritable écrin de verdure, au calme, si silencieux et qui leur apparaissait telle une tombe verte. Ils s'en allaient guincher à Lausanne, la grande ville, la plus proche et revenir, ivres, faire les mariachis, à travers champs, crapahutant et titubant, cherchant dans la nuit, leur lit, à tâtons. Donc forte de ce souvenir, je remplis mon formulaire pour la Fondation espérant accéder ainsi à leur magnifique bibliothèque, à deux pas de la résidence.
Puis après avoir essayé un couvent au Portugal, je reçus une réponse automatique pas piquée des vers :
« C'est avec un trou de la taille d'un matelas pneumatique dans le cœur que nous faisons nos adieux au bâtiment où notre chère auberge Convento et notre projet de résidence d'artistes ont résidé ces six dernières années. Hélas, notre bail a expiré comme les restes de la semaine dernière dans le réfrigérateur, ne nous laissant pas d'autre choix que de fermer nos portes (et nos fenêtres, d'ailleurs) à partir du 30 avril 2024. Nous sommes reconnaissants pour ces 6 années de dégustation intellectuelle et de dîners artistiques avec de joyeux accords de vins au coin du feu, tout en essayant de trouver de l'humour dans l'affaire des mouches par les chaudes nuits d'été, avec Sartre, Camus et Golding comme équipe d'intervention parfaite, au bord de la piscine.
Mais n'ayez crainte, chers aventuriers et chercheurs de créativité ! Le projet Convento ne disparaît pas dans l'éther comme un fantôme dans un tableau de Picasso. Non, nous emballons simplement nos pinceaux et nous nous installons sur une nouvelle toile. L'adresse de notre réincarnation sera révélée en temps voulu, comme le suspens d'une série Netflix.
Nous exprimons notre profonde gratitude à toutes les âmes merveilleuses qui ont honoré notre humble demeure de leur présence au cours des six dernières années. Vos rires, vos histoires et vos installations artistiques parfois douteuses ont rendu ce voyage immensément précieux et hilarant.
Jusqu'à ce que nous nous revoyions, continuez à rêver, à créer et à être les créatures fabuleuses que vous êtes.»
Ainsi, je continuai ma quête de Réserve d'écrivains pour terminer à Hong Kong pour une résidence en février 2025. Le formulaire à remplir exigeait une précision toute comptable, typo police douze et marge de un cm à droite, sur une feuille A4. Une page pour présenter votre travail en cours, douze à quinze pages de vos oeuvres récentes. Au garde à vous, un doigt sur la couture, j'envoyai le tout. Ô surprise, une réponse immédiate me remerciait de mon soutien à leur Résidence d'écrivains et m'annonçait une réponse pour octobre.
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Je ne suis pas encore partie! Les processus sont si longs que vous avez de forte chance de terminer l'oeuvre annoncée quand la réponse arrivera. Pour résidence immédiate, j'ai pris roulotte chez un paysan dont je m'occuperai des poules pendant ses vacances estivales et prendrai soin de chasser fouines et renards la nuit.
Une belle résidence, à défaut de réserve d'écrivains.