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Billet de blog 17 décembre 2024

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La souffrance des Kurdes en Syrie

Nous étions censés nous réjouir de la chute du régime d'Assad, mais rien n’indique que les nouveaux dirigeants seront meilleurs. Ils semblent non seulement être des islamistes extrémistes avec un lourd passé criminel, mais également afficher une loyauté totale envers la Turquie.

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La Turquie est connue pour son hostilité injustifiée envers les Kurdes et pour ses crimes brutaux à leur encontre depuis plus d’un siècle. En 2018, elle a mené une campagne militaire sanglante de nettoyage ethnique, avec l'aide des groupes islamistes les plus extrémistes, contre la région kurde d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie. Elle a chassé les Kurdes de leurs terres pour y installer des réfugiés syriens arabes. Depuis, ma région reste sous le contrôle direct de la Turquie.

Aujourd’hui, la Turquie profite de cette situation qu’elle a orchestrée pour expulser complètement les Kurdes de toutes les régions situées à l’ouest de l’Euphrate. Elle agit par le biais de son armée et de groupes armés criminels qui lui sont affiliés.

Depuis le 27 novembre, soit ces deux dernières semaines, mes proches et les habitants de ma région, qui avaient déjà été déplacés d’Afrin en 2018 pour s’installer dans des camps au nord d’Alep, ont été contraints de fuir à nouveau, à plusieurs reprises. La plupart d’entre eux vivent désormais dehors en plein hiver. Parmi eux se trouvent des familles, des enfants, des personnes âgées et des malades.

Malgré les communications difficiles avec eux, j’ai appris que certains enfants, personnes âgées et malades ont perdu la vie. Le pire reste les atrocités perpétrées par l’armée turque et ses alliés islamistes contre les civils kurdes : des meurtres brutaux visant à les terroriser et à les pousser à fuir ces zones. Parmi les victimes, il y a un petit-fils d’environ 30 ans de ma tante, qui a été décapité.

Je rêve de retourner en Syrie, ou plutôt au Moyen-Orient, mais seulement lorsque la justice y régnera. Pour l’instant, je ne vois aucune lueur d’espoir pour un tel changement, du moins pas dans un avenir proche. Je crains même que les nouveaux dirigeants de la Syrie ne soient encore pires que le régime précédent.

Ce billet que je relaie est signé Ali Shekho, réfugié depuis 10 ans en Suisse et originaire de la région kurde d’Afrin, au nord ouest de la Syrie.

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