Djooml@

Abonné·e de Mediapart

10 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 février 2025

Djooml@

Abonné·e de Mediapart

Le fruit du baobab : trésor nutritionnel méconnu ou nouvel eldorado du bien-être ?

Vénéré depuis des millénaires en Afrique, le fruit du baobab est aujourd’hui encensé comme un superaliment dans les pays occidentaux. Derrière son succès grandissant, ce trésor nutritionnel suscite aussi des interrogations : miracle de la nature ou exploitation industrielle à risque ? Décryptage d’un phénomène en pleine expansion.

Djooml@

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Homme africain montrant le fruit du baobab fraichement récolté.

Un fruit ancestral au destin mondial

Longtemps cantonné aux pharmacopées traditionnelles africaines, le fruit du baobab (« pain de singe ») est aujourd'hui en passe de devenir un incontournable des rayons bien-être en Europe et en Amérique du Nord. Connu sous le nom scientifique Adansonia digitata, cet arbre mythique, souvent qualifié "d'arbre de vie", est un pilier de nombreuses cultures africaines, tant pour ses usages alimentaires que médicinaux.

Selon des récits ancestraux, le baobab aurait été planté à l'envers par les dieux, d'où son apparence étrange avec des branches rappelant des racines. L'arbre peut vivre plus de 1000 ans, certains spécimens recensés au Botswana ayant plus de 2500 ans. Son fruit, considéré comme un super-aliment à l'instar du moringa, suscite un intérêt croissant en raison de ses vertus nutritionnelles exceptionnelles.

Un concentré de bienfaits nutritionnels

Illustration 2
Fruit du baobab, appelé aussi "pain de singe"

Le fruit du baobab est un véritable concentré de micronutriments essentiels. Sa poudre, issue de la pulpe séchée naturellement dans le fruit, contient jusqu'à six fois plus de vitamine C que l'orange (USDA FoodData Central, 2020), deux fois plus de calcium que le lait et des fibres en abondance, facilitant le transit intestinal.

Une étude publiée en 2020 a démontré que la consommation régulière de baobab pourrait réduire les pics glycémiques, offrant ainsi un intérêt particulier pour les personnes souffrant de diabète de type 2.

Des études ont aussi mis en avant son puissant effet antioxydant, qui aide à lutter contre le stress oxydatif et le vieillissement cellulaire. Il est également prisé pour son effet prébiotique, favorisant le développement d'une flore intestinale saine.

Entre exploitation et valorisation locale

Le marché du baobab est en pleine expansion, porté par la demande des industries alimentaires et cosmétiques. Mais cet engouement soulève des questions. Qui profite réellement de cette manne ?

Dans plusieurs pays producteurs comme le Sénégal, le Burkina Faso ou Madagascar, la récolte du baobab est une activité principalement féminine. De nombreuses coopératives s'organisent pour assurer une meilleure répartition des bénéfices et garantir une production respectueuse des ressources naturelles. En 2017, l'ONG PhytoTrade Africa a mis en place un label garantissant une origine éthique et durable pour le baobab, permettant aux agriculteurs locaux de mieux valoriser leur travail.

Toutefois, l'augmentation de la demande internationale pourrait mettre sous pression ces arbres centenaires, essentiels à l'écosystème local. En Namibie, des chercheurs ont observé que l'augmentation des collectes pourrait fragiliser les jeunes arbres en limitant leur reproduction.

Un modèle à définir : commerce équitable ou extraction industrielle ?

Illustration 3
Allée des baobabs, lieu mythique à Madagascar

L'expansion du marché du baobab pourrait emprunter plusieurs voies. La première, éthique et durable, repose sur des circuits courts, une juste rémunération des producteurs et la reforestation. L'autre, plus industrielle, risquerait d'exploiter excessivement la ressource sans garantie de retombées positives pour les communautés locales.

Des initiatives existent pour encadrer ce commerce, à l'image de labels de commerce équitable et de programmes de plantation visant à protéger ces arbres millénaires. En Afrique de l'Ouest, certaines associations comme Baobab Guardian Program ont mis en place des actions de reforestation, avec l'engagement des populations locales à planter et protéger les jeunes plants de baobab.

Conclusion : un superaliment à consommer avec conscience

Le fruit du baobab offre une alternative naturelle intéressante pour la nutrition et la santé. Mais son exploitation doit être surveillée pour ne pas reproduire les excès d'autres industries alimentaires.

En tant que consommateur, choisir un produit issu du commerce équitable et durable est un premier pas pour concilier bien-être personnel et respect des équilibres écologiques et sociaux. Comme le rappelle une réflexion d'un sage d'Afrique de l'Ouest : "Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants".

Sources :

Étude sur la longévité des baobabs : Patrut et al. ont mené une étude publiée en 2018 dans Nature Plants intitulée "The demise of the largest and oldest African baobabs", où ils rapportent que plusieurs des plus anciens et grands baobabs africains ont connu une mortalité récente.

Données nutritionnelles du baobab : Selon la base de données de l'USDA FoodData Central., le baobab est riche en vitamine C, calcium et fibres.

Effet sur la glycémie : https://link.springer.com/article/10.1007/s00394-020-02447-2 examiné l'impact de la consommation de pulpe de baobab sur la glycémie.

Propriétés antioxydantes : https://fppn.biomedcentral.com/articles/10.1186/s43014-024-00283-z. Dans cette étude, des recherches ont mis en évidence les propriétés antioxydantes de la pulpe de baobab, contribuant à lutter contre le stress oxydatif et le vieillissement cellulaire

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet