Une société minière – Tungstène du Narbonnais a déposé une demande de permis pour effectuer des recherches sur la commune de Fontrieu dans le Tarn. Un collectif s’est créé pour s’opposer à ce projet qui menace en particulier les ressources en eau potable d’une commune qui possède deux sources d’eau minérale réputées.
Le collectif Stop Mines81 participait le 30 septembre à une réunion publique d’information organisée par les services de l’État. Près de 350 personnes se pressaient dans la salle municipale, majoritairement acquises aux positions du collectif. Ces positions sont détaillées sur leur site.
En présence du sous-préfet de Castres, du directeur de la DREAL, d’un représentant de l’entreprise minière, les débats ont été introduits (et animés) par Rémi Galin, chef de Bureau à la DGALN, Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature, dépendant donc du ministère de l’écologie et de la solidarité.
C’est très surprenant ! On imaginerait le ministère de l’écologie en soutien des défenseurs de l’environnement, de la biodiversité et de la qualité des eaux potables que ce projet menace. Non ! Il est du côté de l’industrie minière. Ne disait-il pas dans un interview à Usine Nouvelle : « la mine propre n'existe pas... une mine a toujours un impact sur les populations, l'environnement, elle transforme toujours un territoire. A notre charge de rendre cet impact positif ».
Plus surprenant encore, en invité surprise : Jean-Pierre Kucheida, ancien député maire de Liévin, venu faire un couplet sur les mineurs du Nord ; une intervention qui passe très mal, il la termine sous les huées de la salle.
Mais incidemment, il vend la mèche : proche de Rémi Galin, ils se mobilisent tous les deux pour soutenir la réforme du code minier ; ce qui fait écho à la proposition de loi dont Claude Taton dans ses billets de blog nous rappelle les enjeux : « Cette proposition n’est pas simplement un toilettage ou une modernisation d’un instrument juridique, tel qu'on veut nous le faire croire. Elle consacre la volonté de relancer, en France, l'activité extractive et de répondre aux industriels qui demandent de simplifier les procédures de sorte que leurs activités puissent être garanties durant des décennies à venir. »
Ainsi, sans vergogne, représentant de l’industrie minière et représentant du ministère de l’écologie viennent vanter les mérites d’un projet d’extraction de tungstène au milieu du Parc Naturel Régional du Haut Languedoc. Comme le revendiquait déjà Rémi Galin : « La réforme du Code minier, la définition et la promotion d’un nouveau modèle minier plus responsable sont de nature à permettre l’émergence de projets miniers très profitables aux territoires concernés [...] leur développement et leur succès reposent sur notre capacité à mobiliser les investissements des entreprises vers cette voie de sécurisation potentielle de leurs approvisionnements à long terme et sur la compatibilité environnementale des projets d’exploitation et des techniques susceptibles d’être mises en œuvre. »(1)
Rémi Galin, Le renouveau minier français et les matières premières stratégiques, Annales des Mines - Responsabilité et environnement, 2016/2 (N° 82), p. 77 à 80.