Un interview recueilli par Simon MAUVIEUX (du site Rapports de Force)
Soutenir la résistance ukrainienne face à l’invasion impérialiste russe, tout en luttant, de l’intérieur comme de l’extérieur contre les politiques néolibérales européennes, états-uniennes ou ukrainiennes : c’est une position d’équilibre sur plusieurs fronts que défend l’économiste Catherine Samary. Membre du “European network in solidarity with Ukraine” (ENSU), le reseau rassemble des composantes de gauche internationaliste européenne et ukrainienne, dont font partie Solidaires, ATTAC et le NPA en France, notamment.
Les progressistes ukrainiens sont pris entre deux feux : les politiques néolibérales du Président Volodymyr Zelinsky, qui a enclenché une grande vague de privatisations avant l’invasion russe, et dérégulé le droit du travail et les velléités impérialistes états-uniennes ou européennes, qui lorgnent sur des secteurs stratégiques ukrainiens (agriculture, mines, énergie). En France, le « réarmement » défendu par Emmanuel Macron, justifié par la « menace russe pour l’Europe et la France » a d’ores et déjà déclenché une course effrénée à l’armement. Ces enchères justifient d’importantes attaques sur les droits sociaux et offrent un blanc-seing aux industriels de la guerre.
L’ENSU, en contact régulier avec les composantes du mouvement social ukrainien, tente de faire porter leur voix à l’international. Des infirmières en lutte contre la déréglementation de leur secteur, au syndicat des étudiants qui milite contre l’abandon de l’État face aux universités ravagées par les bombardements, ce réseau témoigne de combats fragiles, mais dynamiques d’une gauche ukrainienne qui voit dans la victoire militaire la seule issue pour maintenir un rapport de force suffisant pour une paix juste et durable.
Quelles composantes de la gauche ukrainienne sont en lien avec l’ENSU ?
La gauche ukrainienne avec laquelle l’ENSU milite est extrêmement fragile et faible, mais vitale. Nous avons des liens privilégiés avec une organisation précieuse, le Sotsialnyi Rukh (Le Mouvement Social), une ONG qui est en train de se constituer en parti politique. C’est une organisation qui se réclame du socialisme, qui porte une critique radicale de l’aspect impérialiste et
néo-stalinien de l’invasion russe, solidaire des luttes progressistes dans le monde et militant contre les politiques néolibérales en Ukraine. Mais aussi des militants, beaucoup de jeunes, socialistes, féministes, LGBT. L’organisation a d’ailleurs favorisé l’organisation d’un syndicat de jeunesse, “Action directe” : positionné à la fois contre les bombardements russes qui détruisent des bâtiments scolaires, mais aussi contre les privatisations dans l’éducation nationale et la détérioration des services publics à l’université. Il existe aussi un réseau d’infirmières, “Be like us”, qui s’inscrit dans une logique de défense des services publics de la santé en Ukraine. Des camarades de Sotsialnyi Rukh engagés dans l’armée régulière, mènent des combats politiques de l’intérieur avec des forces féministes, LBGT, et des anarchistes très actifs sur ce terrain, pour défendre les droits sociaux des soldats.
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