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Billet de blog 19 avril 2025

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Ukraine : Priama Diia, « le contrôle, c’est notre pratique syndicale »

Dans les universités ukrainiennes, les conditions d’études deviennent de plus en plus difficiles et les administrations ne procèdent pas aux réparations nécessaires. C’est une des préoccupations du syndicat étudiant Priama Diia qui agit en défense des intérêts des étudiant·es. Ihor Vasyletsn, étudiant à l’Université nationale de Lviv répond à quelques questions.

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Interview réalisé par Patrick le Tréhondat pour le Réseau syndical international de solidarité et de luttes

Priama Diia  a été refondé en février 2023. Peux-tu nous dire quelle est la situation de votre syndicat. Êtes-vous présent dans de nombreuses universités ?
À l’heure actuelle, nous comptons plus de 150 membres dans différentes villes d’Ukraine, principalement à Lviv et à Kyiv. C’est dans ces villes que nous sommes le plus actif·ves, y compris par des manifestations. À Lviv, nous sommes présent·es dans trois universités, à savoir l’université nationale de Lviv, l’université agricole nationale de Lviv et l’école polytechnique de Lviv. Pour ce qui est de Kyiv, nous sommes plus nombreux et nous couvrons les universités suivantes : KNU, KPI, NaUKMA, et plus récemment NAOMA. Tant à Lviv qu’à Kyiv, nous sommes généralement présent·es dans toutes les grandes universités.

Votre organisation a tenu deux congrès. Lors de votre dernier congrès, vous avez décidé d’une meilleure organisation interne. Peux-tu nous en parler ?
Lors du dernier congrès, nous avons adopté une nouvelle structuration parce que nous étions fatigué·es du chaos qui régnait au sein du syndicat. En effet, auparavant, tout fonctionnait sur la base de l’initiative, sans responsabilité, sans compte rendu, etc. Cela a peut-être fonctionné pendant un certain temps, mais au fur et à mesure que le syndicat se développait, il est devenu évident que nous avions besoin de personnes responsables pour certaines choses, comme les finances ou les médias. Nous avons créé des postes avec élection – des coordinateurs de différents départements, dont la tâche principale est d’animer les activités et d’en rendre compte. Bien entendu, comme nous n’aimons pas vraiment le système représentatif, ces postes visent uniquement à coordonner, mais pas à prendre des décisions pour les autres, ce qui signifie que les coordinateur·trices doivent toujours prendre leurs décisions avec les personnes concernées au sein de leur groupe de travail, qui peut comprendre n’importe quel membre du syndicat. Plus de six mois se sont écoulés et je peux dire que c’est un bon système, car il y a un travail actif dans les départements et pas de décisions unilatérales. Ce mépris pour les décisions unilatérales tient à deux choses : 1) nous n’aimons pas le système représentatif en tant qu’imitation de la démocratie 2) le syndicat comprend des personnes très diverses sur le plan politique, allant des apolitiques aux anarchistes-marxistes radicaux, et par conséquent, une décision unilatérale de quelqu’un·e peut conduire à une vague d’indignation, par exemple, dans le cas d’une publication étrange par le département des médias.

En 2024, des militants de Priama Diia ont été agressés plusieurs fois par l’extrême-droite. Peux-tu nous parler de la présence de l’extrême-droite dans les universités ? Avez-vous connu depuis d’autres problèmes ?
Il y a eu des passages à tabac à Kyiv et à plusieurs autres occasions, et c’est un problème assez grave qui nous empêche de travailler activement dans les rues et à l’université. À Lviv, la situation est un peu meilleure, malgré la perception de Lviv comme un « bastion des radicaux de droite », nous n’avons généralement pas eu d’affrontements violents avec l’extrême droite, bien qu’ils soient venus à nos manifestations et événements, qu’ils aient écrit des demandes à l’administration pour nous refuser des locaux, et ainsi de suite, mais il s’agit plus d’une démangeaison désagréable que d’un véritable problème. Il y a eu un incident amusant lorsque nous distribuions des tracts et qu’un étudiant de droite a pris un tract, l’a déchiré agressivement et l’a jeté à la poubelle, mais ses amis ont commencé à se moquer de lui parce qu’ils ne comprenaient pas pourquoi il était si en colère contre le tract. En général, si vous ne les provoquez pas, si vous faites des choses « sociales », vous les remarquez à peine. L’extrême droite n’est pas du tout intéressée par la lutte pour les dortoirs ou les cantines, mais elle apparaît ici et là lorsqu’il s’agit de questions progressistes, sur les LGBTQIA+, par exemple. Il est également nécessaire de comprendre qui est d’extrême droite : il ne s’agit pas toujours d’hommes en bonne santé et gonflés à bloc, mais souvent d’écoliers ou d’étudiants de première année ayant des idées étranges sur la race aryenne.

Continuer à lire : https://laboursolidarity.org/fr/n/3449/priama-diia--le-controle-cest-notre-pratique-syndicale-

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Priama Dina

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