Dominique Boury

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Billet de blog 31 janvier 2017

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Nous voulions autre chose !

S’ils ont raison sur le fond, un accord avec Hamon serait politiquement incompréhensible, les partisans de JLM paient l’erreur d’une démarche personnelle.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans le débat qui suit les primaires du Ps et le choix de Benoît Hamon, les partisans de JLM ont raison sur le fond : Hamon n’est que l’habillage, moderne et jeune, d’une politique sociale démocrate bien intégrée. L’habillage change, quelques traits manifestement insupportables portés par Valls sont gommés, mais les fondamentaux et ses soutiens restent les mêmes.

Faire alliance ou se désister par avance pour Benoît Hamon serait renier tout le bilan que nous tirons du quinquennat Hollande, des positions du PS ; et rejoindre une union de la gauche, une gauche unie, une gauche plurielle dont on sait par avance les reculades et les reniements. Après les Présidentielles des accords aux législatives et pourquoi pas un accord de gouvernement ? Allons donc !!

Mais JLM (et ceux qui le soutiennent) ont fait une erreur majeure qui pèse aujourd’hui sur les perspectives politiques : avoir méprisé une démarche de confrontation avec ses partenaires pour nous permettre de choisir entre Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain, Pierre Laurent, un écolo, et s’ils avaient voulu Olivier Besancenot, Philippe Poutou, ou Caroline de Haas, Nathalie Artaud, ou autres… JLM avait tout à gagner dans cette confrontation, une légitimité renforcée, et surtout la clarification par rapport au PS.

Après une telle primaire, il n’y aurait pas eu de confusion entre la gauche gouvernementale et la force d’alternative ; cela aurait délimité un pôle critique, divers, brouillon et bouillonnant sûrement, mais porteur d’espérance. Ce choix était risqué, mais au moins il dessinait des perspectives pour l’après-présidentielle, qui va ouvrir une période difficile, au niveau européen et international. A ce moment-là, ce ne sera pas la question des egos qui fera la différence, mais la capacité d’offensive des mouvements sociaux, leur capacité à débattre et converger, leur capacité à inventer des formes de mobilisation et de lutte, à imaginer des débouchés politiques,!

Mais, je pense que ce mauvais choix d’une démarche très personnelle n’est pas dû qu’aux seules caractéristiques du personnage Mélenchon, mais à une erreur d’appréciation politique. Celle d’accepter le cadre de la V° République – et l’idéologie de l’homme providentiel qui parle directement au peuple – sans en mesurer l’imposture et les dangers. On évoque la Constituante, la 6° République, le « élisez moi et je vous laisserai la place », le « quand je serai Président », pour nous séduire mais d’autres nous ont déjà fait le coup ! Devant qui JLM sera responsable s’il était élu ? Un parti ? Ses followers et ses amis sur Youtube ? Nous ? Le Peuple ?

Du coup, toute perspective d’accord large avec les forces critiques, alternatives (et elles se multiplient) est fermée, y compris pour les législatives. Le risque d’une dérive sectaire guette la France Insoumise, la pression au vote utile sera de plus en plus forte, et le gain en termes de clarification par rapport aux dérives sociales démocrates et sociales libérales sera nul.

En disant et en laissant dire qu’il est le représentant légitime de la gauche – la vraie bien sûr ! – JLM ne nous facilite pas la tâche ; en effet l’heure est plutôt à la construction d’autre chose dont nous percevons les contours sans être capables d’en faire un programme clé en main ; mais que l’effervescence politique d’une campagne électorale aurait permis d’esquisser… à condition qu’elle soit ouverte et accueillante !

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